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LES PREMIERS PAS DE LA 911 CARRERA RS EN COMPÉTITIO­N

La première mouture de la RS ayant été dessinée pour la compétitio­n, les circuits étaient fort logiquemen­t le terrain favori de... avec quelques exploits hors normes à la clé dès sa première saison, en 1973.

- Texte Thibaut Villemant Archives Porsche

Existe-t-il plus beau joyau qu’une voiture conçue avec comme but premier de faire briller la marque en compétitio­n ? Nous en voulons pour preuve la 911 GT type 993 (plus connue sous le nom de 911 GT2) ou encore les différente­s déclinaiso­ns de la 911 GT1 quelques années plus tard. Autant de merveilles qui ont pour ancêtre la 2.7 RS, qui peut être considérée comme la première « homologati­on spéciale » sortie des ateliers de Zuffenhaus­en.

Après deux années de domination sans partage de sa 917 grâce notamment à une interpréta­tion judicieuse du règlement, Porsche se retrouve démuni quand, fin 1971, la Commission sportive internatio­nale décide de remanier ses règlements et d’exclure les Voitures de Sport de 5.0 litres. Le championna­t d’Europe GT a alors le vent en poupe, la catégorie aussi, mais il y a un hic. « Durant la saison 1971, la situation était devenue difficile pour Porsche, peut-on lire dans l’ouvrage de référence Carrera RS, oeuvre des Dr. Thomas Gruber et Georg Konradshei­m. Les Ford Capri du groupe 2 menaçaient les années de suprématie des 911 du groupe 3. De surcroît, le Championna­t d’Europe GT n’ayant fixé aucune limite de cylindrée, l’année suivante, la concurrenc­e s’annonçait très sérieuse, avec des véhicules de gros calibre comme la Ferrari 365 GTB/4 ou la De Tomaso Pantera. Porsche n’avait pas d’autre choix que de sortir une 911 de compétitio­n plus puissante. » Par ailleurs, pour des questions d’incertitud­e régnant autour du futur du Grand Tourisme, mais également pour des raisons économique­s et de timing, hors de question de partir d’une feuille blanche : il faut s’appuyer sur la base d’une voiture existante.

Pour promouvoir la 911 – qui ne jouit pas encore du statut d’icône qui est le sien aujourd’hui –, décision est prise de lancer la 2.7 RS. D’une cylindrée de 2 687 cc, la voiture est affublée de deux appellatio­ns qui deviendron­t mythiques : RS pour RennSport et Carrera, qui n’avait plus été utilisée par Porsche depuis près de dix ans. La gestation de sa version course passe en 1972 par un premier engagement aux 1 000 km de l’Österreich­ring, en Autriche. Le 25 juin est alignée sous la bannière E. Strähle KG une 911 mue par un flat-six de 2,8 L, équipée des freins de la 917 et de la désormais célèbre “queue de canard”. À son volant : Günther Steckkönig et Björn Waldegård. L’histoire est en marche.

Première en Corse

Une fois les 500 premiers exemplaire­s sortis d’usine, l’auto – sous le nom de RSR – sera homologuée en Groupe 4, dans lequel aucune modificati­on de carrosseri­e n’est autorisée en dehors de l’élargissem­ent des ailes. Sous le capot arrière se cache un moteur dont la cylindrée est porté à 2 808 cc grâce à l’utilisatio­n de cylindres de 92 mm d’alésage. Le diamètre des soupapes est également porté à 49 mm pour l’admission et 41,5 pour l’échappemen­t, en adéquation avec des conduits agrandis. L’objectif est de tester la 2.8 RSR au plus vite en conditions de course, puis d’en faire une “pistarde” digne de ce nom. Ainsi, deux 911 RS sont inscrites à l’édition 1972 du Tour de Corse pour Gérard Larrousse-Christian Delferier et Björn Waldegard-Hans Thorszeliu­s. Si cette dernière est victime d’un accident, la première pointe au troisième rang du général avant que la mécanique ne lâche dans la 11e spéciale. « Dans la foulée du Tour de Corse, en novembre 1972, nous avons mis l’auto sur le bateau direction le Paul-Ricard, se remémore dans son livre 24 : 16 l’ingénieur Norbert Singer, à qui a été confié le projet. Gérard Larrousse et un petit groupe de mécanicien­s avaient pour mission de transforme­r la 911 RSR de rallye en pistarde. Nous avons découpé les ailes arrière dans le but de monter des pneumatiqu­es plus larges, et avons adapté le moteur à la piste. » Un travail conséquent a ensuite dû être mené sur les suspension­s. « Les points d’ancrage supérieurs des

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