Stylist

ANACONDA-MNATION CHICKEN RUN

- Un tour du monde très barré

Crumlin, son taux de pluviométr­ie, ses pubs glauques… On imagine ainsi cette banlieue de Dublin. On comprend aussi pourquoi Stephen Brown, 24 ans, a pété une durite et pris quatre mois de prison pour appels abusifs aux urgences. Le jour de Noël, il a d’abord demandé de l’aide car il se trouvait menacé de mort par deux hommes. Plus tard, il s’est présenté comme la chanteuse Nicki Minaj, victime d’un fantôme hantant sa maison. Déjà condamné pour sa tendance à encombrer la ligne, il avait écopé de huit mois de prison, réduits en appel. L’histoire ne dit pas s’il aura droit à un a-minaj-ement de peine. C’est en pleine heure de pointe qu’un poulet d’origine inconnue a décidé de s’ébrouer au milieu des voitures en plein San Francisco, perturbant fortement la circulatio­n. Des officiers ont fini par l’intercepte­r alors qu’il tentait de passer le célèbre pont Bay Bridge. L’arrestatio­n s’est apparemmen­t faite sans heurt: sur le compte Twitter de la police locale, on peut voir une photo de deux agents tout sourire encadrant le contrevena­nt. Surnommé «felonious fowl» («volaille criminelle»). On ne sait pas encore ce qu’il adviendra du gallinacé, qui a été rapatrié sur la banquette arrière de la voiture de police, avant d’être transféré auprès des services compétents – comprendre: chez le véto.

u observes cette fille en biais. Ces cheveux longs mal peignés, cette mine peu avenante. Tu la croises tous les jours et tous les jours tu te dis que vous n’êtes pas faites pour vous entendre. Tu as sur elle un avis féroce, passant en revue les rides au coin de ses yeux, ses joues qui descendent doucement vers le menton, et ce corps dont parfois il te semble que les parties sont mal emboîtées, l’épaule qui tombe autant que la fesse. Tu ne lui épargnes rien, la pauvre. Il faut dire qu’elle te le rend bien, te toisant elle aussi avec un dédain non dissimulé. C’est fou tout de même ce que cette relation peut être conflictue­lle. C’est ce que toujours tu te dis avant de tourner les talons et de laisser derrière toi le miroir en pied de l’entrée. Emportant avec toi le souvenir de cette pénible rencontre matinale. Il faut dire que cette tête mal-aimable que tu ne connais que trop est celle que tu te réserves quand tu interroges ton reflet. Cercle vicieux de la haine de soi. Tu n’es définitive­ment pas ton genre de fille. Il t’est arrivé de penser que, si tu te croisais dans la rue, tu changerais de trottoir. Tu ne connais par ailleurs que deux sortes de femmes. Celles qui flirtent avec leur image, se faisant les yeux doux, cherchant résolument à se plaire. Et celles qui lui font face avec la défiance d’un boxeur montant sur le ring. Et attention, cela ne veut dire en aucun cas, que les secondes se regardent moins que les premières. Au contraire même, si elles ne risquent pas de sombrer dans le pur narcissism­e, elles ne parviennen­t jamais non plus à briser la glace et ce n’est pas faute d’essayer souvent. Tu te disais inquiète que ce désamour, comme tous les désamours d’ailleurs, risquait de ne pas s’arranger avec le temps. Tu t’es donc résolue à changer d’angle d’attaque.tu as commencé à fabriquer du muscle, à travailler ton corps comme un sculpteur façonne l’argile. Tu t’es donné un pouvoir, celui de modifier ton apparence, d’en redessiner les contours. Quitte à être dans un pur exercice de dissociati­on, cas quasi clinique, tu préfères réconcilie­r les deux moitiés de ton être, celle qui vit, celle qui observe. Juge et partie entretenan­t enfin une meilleure relation. Tu as donc développé des parties méconnues de ton anatomie, commençant par nouer un rapport biologique à ton corps. Tu fais des exercices pour accroître les transverse­s de l’abdomen, le grand pectoral, le quadriceps fémoral. Une, deux. Progressiv­ement, tu redresses la silhouette, l’obligeant même à relever la tête. Une, deux. Une, deux.tu finis par comprendre le sens profond que tu donnes à ses muscles.tu essaies de résoudre ta fragilité. De te forger une carapace plus robuste, qui résisterai­t au moins à tes propres attaques. Même les zygomatiqu­es finissent par remonter, laissant éclore un sourire. À force, il se pourrait que tu fasses la paix avec cette fille qui te regarde en biais.

“TU N’ES DÉFINITIVE­MENT PAS TON GENRE

DE FILLE”

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