Stylist

De faire tache

Je m’en fous Marre de cet art de la table qui fait de chaque dîner une oeuvre compliquée. Nous, on fait sauter l’étiquette et la bourgeoise n’a qu’à bien se tenir.

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etite devinette pour vous: «Je ressemble à l’acteur Michael Keaton, je présente depuis vingt-sept ans Questions pour un champion et, en novembre dernier, j’ai publié Les mauvaises manières? Ça suffit! Je suis, je suis… Julien Lepers!» Le présentate­ur qui tend un carton jaune à tous ceux qui voudraient «généralise­r l’abandon des couverts et revenir à l’âge des cavernes», vient ainsi grossir les rangs des Nadine de Rothschild du XXIE siècle, de la desperate housewife Gwyneth Paltrow à Juliette Dumas, fondatrice de la Shine Academy qui dispense des cours où l’on peut apprendre à «tenir son verre de vin avec élégance»… Une passion pour l’étiquette héritée de la Renaissanc­e, époque des premiers ouvrages de bonne conduite à table. Et qui se perpétue aujourd’hui avec les invitation­s à se nourrir de junk food armés de couverts dans de grands restaurant­s qui veulent donner leurs lettres de noblesse à des plats qui n’en ont pas la prétention. Sauf que cette tyrannie de la bienséance a engendré chez nous une forte envie de lâcher du lest. Voire de retrouver le plaisir de manger en s’en mettant partout et de préférence avec les doigts. Attention, papier gras.

Aliment totem de la campagne électorale RPR de 1995, ce n’est pas pour autant la pomme que Chichi portait dans son coeur (et son ventre) mais la tête de veau. Qui, à l’inverse du fromage de tête, n’est pas un plat au nom métaphoriq­ue. Pour son dernier réveillon, le 31 décembre 1995, Mitterrand s’est illustré en consommant des ortolans, des oiseaux rares interdits de chasse, dont il faut d’abord broyer la tête avec ses dents avant de le fourrer tout entier dans la bouche.

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