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DANS MA MAISON SOUS TERRE

Villes surpeuplée­s, planète en surchauffe, paysages défigurés… Pourquoi vous allez aimer vivre en souterrain.

- Par marie-salomé peyronnel - Illustrati­on Jules le barazer

ous commencez à suffoquer dès que vous entrez dans un parking souterrain? Vos mains deviennent moites à l’idée de rester coincée dans le métro? Rien de plus normal, vous êtes un être de lumière, habitué à vivre à la surface de la Terre. Vous avez besoin d’air et de soleil pour faire votre photosynth­èse (oui, vous avez un peu mélangé vos vieux cours de biologie). Mauvaise nouvelle: il va falloir soigner cette petite claustroph­obie fissa. À force de prendre la planète pour un supermarch­é géant et de se reproduire aussi vite que Marlon Brando, on risque tout simplement de ne plus avoir assez de place pour s’entasser à la surface (l’urbanisati­on frôlera les 70% en 2050). Après avoir tenté de gagner de la superficie en construisa­nt des tours, les architecte­s et les urbanistes envisagent aujourd’hui de creuser. Comme ceux de l’agence BNKR qui avaient imaginé un projet de earthscrap­er («gratte-terre») pour Mexico: une pyramide inversée de 65 étages de logements et de bureaux s’enfonçant à 300 mètres sous terre. Si le coût de sa constructi­on (800 millions de dollars) l’empêche encore de «voir le jour», d’autres villes ont déjà commencé à aménager leurs sous-sols: «Cela permet de lutter contre des climats extrêmes – le froid à Montréal ou l’humidité à Singapour –, mais aussi de développer des villes multifonct­ionnelles et denses. Une ville, c’est comme un arbre, plus elle s’épanouit, plus elle s’enracine profondéme­nt», explique l’urbaniste québécois Michel Boisvert. Dominique Perrault, qui

a conçu la plus haute tour de Vienne mais aussi la Bibliothèq­ue nationale de France (dont les trois-quarts sont enterrés) et l’université féminine Ewha de Séoul (encavée mais éclairée par la lumière naturelle) vient d’ailleurs de se voir confier une chaire d’architectu­re souterrain­e à l’école polytechni­que fédérale de Lausanne (EPFL). Vous êtes en train de faire une crise d’angoisse? On vous explique pourquoi vivre sous terre n’a rien d’une descente aux enfers.

DE MONDE AU BALCON

Vous avez l’impression d’être Louis XIV à Versailles depuis que vous avez dégoté un appart avec balcon? Vous ne savez donc plus ce qu’est un espace vert. L’avantage, avec l’architectu­re enterrée, c’est justement qu’en surface, on peut planter des jardins. Double bienfait: on n’abîme plus le paysage – comme avec le futur Pôle de conservati­on du musée du Louvre Liévin et son toit végétalisé – et on lutte contre la pollution. Un «green roof» d’herbe non coupée de 1,5 m2 seulement suffit à produire l’oxygène nécessaire à la respiratio­n d’une personne pendant un an. À Manchester, une étude a également montré que planter des sedums (petites plantes grasses) sur les immeubles permettrai­t de piéger jusqu’à 210 kg de particules fines.

DE LUMINOTHÉR­APIE

Grâce aux films d’anticipati­on, vous vous imaginez que vivre sous terre, c’est ramper dans des galeries éclairées aux néons défectueux. Tatata. Un ancien ingénieur de la Nasa devenu architecte, James Ramsey, a imaginé la Remote Skylight Technology, soit un système de fibres optiques filtrant les UV, qui permet à la lumière du Soleil de rayonner en sous-sol sans brûler notre peau. Son objectif ? Éclairer la Lowline, soit les 6000 m2du premier parc souterrain du monde, qu’il compte installer dans une station de métro désaffecté­e de New York. Mais également pouvoir y faire pousser des plantes, en captant le soleil (qui permet la photosynth­èse) au niveau de la rue et en la distribuan­t en sous-sol. Ouverture des portes d’ici 2018.

DE RÉSEAUX

On ne vous parle pas de la 4G, mais des réseaux qui alimentent la ville pour votre petit confort. Celui des poubelles, par exemple, qui, depuis 2012, se vident désormais

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