ELLE CHERCHE À S’ÉMANCIPER
Dans le récent Orgueil et préjugés et zombies, relecture gore signée Burr Steers du célèbre roman de Jane Austen, Elizabeth Bennet manie l’art de l’épée aussi bien que celui de la danse et du chant (le trio gagnant pour s’en sortir en société). Mais si ses ennemis prennent la forme de morts-vivants, ils sont d’abord la représentation de la société patriarcale, prête à tout pour détruire ses rêves d’indépendance et d’amour. C’est d’ailleurs là que l’on voit les limites du féminisme apparent de la karaté queen puisque « elle ne redéfinit le genre qu’à travers la frontière masculine. En clair : elle peut se réinventer si et seulement si elle imite les hommes et éventuellement dans le but inavoué de s’en faire aimer », analyse la chercheuse Émilie Bourque-bélanger, auteure de l’article Les Femmes violentes dans le cinéma hollywoodien à l’ère Reagan (éd. Communication, lettres et sciences du langage Vol 2). La réalité semble pourtant un peu moins conservatrice : 28 % des licenciés en sport de combat sont aujourd’hui des femmes. Et de plus en plus de vidéos cathartiques, où des hommes se font violemment rétamer par ces combattantes d’un genre nouveau, se développent de manière virale. En septembre dernier, le film amateur de la championne de MMA, Monique Bastos, filmée en train d’immobiliser deux hommes qui tentaient de lui voler son portable dans les rues d’açailândia, au Brésil, a récolté plusieurs millions de visionnages. Quelques mois plus tôt, la célèbre Ronda Rousey, sur qui Hollywood prépare un biopic, a brisé en direct plusieurs côtes à Aaron Tru, un animateur radio qui ne voulait pas croire qu’une femme puisse le mettre au tapis. On a encore mal pour lui.