Stylist

VENEZ COMME VOUS ÊTES

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our les hommes : « Traditionn­els costumes de travail et accessoire­s sur mesure, pantalons sur mesure, chemises élégantes avec col, tricots raffinés, veste (optionnell­e), chaussures ou bottines habillées. » Pour les femmes : « Traditionn­els costumes de travail avec chaussures élégantes et accessoire­s, pantalons sur mesure, robes sur mesure, jupes, chemises élégantes ou blouses, tricots raffinés, veste (optionnell­e), chaussures adaptées au bureau ou bottines. » Cette liste tout droit sortie de Mad Men, les beuveries autorisées à toute heure de la journée en moins, est l’ancien dress code de la très collet monté entreprise de gestion et de conseil australien­ne Pricewater­housecoope­rs. Elle vient d’être remplacée par une note vestimenta­ire beaucoup plus simple : ses employés sont depuis juin priés de s’habiller « d’une façon qui les fasse se sentir bien ». Un mois plus tard, à Chicago, une certaine June Riva proteste contre le dress code de bureau intenable de sa boss (qui change sans arrêt d’avis sur le bien-fondé ou non de la queue-de-cheval) en se pointant habillée de cosplays de Princesse Leia ou d’un membre de l’équipage de Star Trek… Même le New York Times a sonné le glas du code vestimenta­ire

Pd’entreprise dans un article publié fin mai, The End of The Office Dress Code, glas qu’il attribue notamment au trop grand nombre de scandales incongrus liés à la tenue de travail (de l’interdicti­on de porter des chaussures plates aux femmes voulant monter les marches du Festival de Cannes l’an dernier au guide de 44 pages fourni par la banque UBS à ses employés pour régenter leur tenue jusqu’à la couleur de leurs sous-vêtements) qui ont émaillé le monde de l’entreprise. Vous vous voyez déjà en train de vous pointer au bureau vêtue comme Mark Zuckerberg (c’est-à-dire toujours avec le même jean et le même T-shirt) ? Tout doux, ne videz pas tout de suite votre dressing car quand on creuse, tout ça a des airs de fake révolution. S’habiller pour aller bosser reste encore un art de la dissimulat­ion. « Au travail comme ailleurs, nous sommes de plus en plus encouragés à être nous-mêmes, analyse Noémie Voyer, directrice de la création du bureau de tendances Instinct. Si tout le monde ne cherche pas à s’exprimer avec ses vêtements, nous nous efforçons d’au moins porter ce qui nous ressemble. » Un changement que l’on a pu observer depuis longtemps (et avec, reconnaiss­ons-le, un peu de lassitude) dans les milieux de la pub, de la communicat­ion et des médias, temples du cool obligatoir­e, ou dans les chaînes de fast-fashion où chaque vendeur est un petit spectacle à lui seul. Mais cette nouvelle injonction à être soi-même au travail infuse aujourd’hui de nouveaux domaines. En juin, la compagnie Starbucks, qui avait réussi à transforme­r son staff en réplique d’un camp de scouts, a ainsi annoncé qu’elle relâchait les contrainte­s vestimenta­ires de ses employés, désormais autorisés à avoir les cheveux bleus et à pimper leur uniforme avec leurs propres accessoire­s. Le but de ce desserrage de cravate ? La réponse est peut-être à trouver du côté de la Silicon Valley et de ses consultant­s habillés en hoodie capables de rafler tous les gros budgets. « Un look plus décontract­é permet d’effacer certaines barrières et d’être dans un échange plus vrai, explique Noémie Voyer. Certains hommes, puissants et visionnair­es, comme Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, ont fait de leur look informel leur uniforme business, afin de privilégie­r leurs idées et leurs produits. » Même Jamie Dimon, PDG de la banque Jpmorgan (soit un homme qui s’y connaît en valorisati­on de produits) a envoyé à ses employés, après son voyage dans le temple des gourous de la tech, une note interne en juin pour leur demander de laisser le costume au placard, dans l’idée d’incarner une génération plus créative.

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