PARCE QUE VOUS VIVEZ À ÀL’HEURE
Votre théorie : le capitalisme est une lubie du premier millénaire dont la plus belle réussite est un continent de plastique dans le Pacifique Nord. Dans une planète saturée d’objets, vous, vous préférez vivre des expériences fortes que posséder des signes extérieurs de richesse que vous ne saurez même pas dans quelle poubelle jeter quand ils seront usés. L’argent ne vous concerne pas, vous êtes post-économique. La réalité : à défaut d’avoir leur âge, vous partagez la philosophie des Millennials. Et elle est en train de redessiner l’économie. « La génération des Millennials, plus que toute autre avant elle, construit son identité et se fabrique des souvenirs à travers les expériences », notait Sarbjit Nahal de la Bank of America, dans un article de Bloomberg du début de l’année. Un constat confirmé par un sondage Harris Poll dans lequel 78 % des Millennials affirmaient préférer payer pour vivre des expériences que pour acheter des objets matériels, contre seulement 59 % des baby-boomers. « Avant, on postait des photos d’objets sur Instagram, maintenant on partage des “stories” de ses aventures, analyse Eric Briones. Cela montre bien comment on est passé de la culture de l’objet à celle de l’expérience. » « Un nouveau modèle économique qui privilégie l’accès plutôt que la consommation est en train de se créer », confirmait ainsi Jeremiah Owyang, fondateur du think-tank Crowd Companies, dans un rapport intitulé Le partage est le nouvel achat, paru en 2014. Mais ce n’est pas parce que vous rentrez les mains vides (mais les chakras rechargés) de votre passage au festival Burning Man et de la semaine de gueule de bois qui a suivi dans un Airbnb de Reno, que cela ne vous a rien coûté. Les souvenirs ont un prix. Le taux d’endettement : 60 % Parce que « vivre un moment privilégié » chez Monoprix n’est que la nouvelle expression pour dire « faire ses courses ».