LE MYTHE DE L’ÂGE D’OR
Bester Langs, lui, est bien vivant et s’appelle Thomas. Mais qu’importe, dans les pages de Gonzaï, le magazine qu’il a créé, il y a dix ans, c’est sous ce pseudo inspiré que les lecteurs reconnaissent une verve qui n’a rien à envier aux jours grognons de Lester. « Au départ, Gonzaï, c’est une blague entre potes qui voulaient se marrer en écrivant, tout en étant un peu pris au sérieux, raconte-t-il. Aujourd’hui, l’esprit n’a pas changé. On a juste un peu professionnalisé le tout mais je tiens à ce côté “amateur”: ça permet d’éviter la routine et de devenir un connard de trentenaire blasé. » Une éthique que tout le monde ne partage pas forcément. Quand Ryan Schreiber, petit employé d’un magasin de disques de Minneapolis de 19 ans, décide de lancer un blog qui deviendra Pitchfork, s’attend-il à se transformer en un redoutable businessman de la critique notée sur 10 ? L’année dernière, Condé Nast, le groupe de presse qui dirige le New Yorker et Vogue, s’empare de Pitchfork pour un montant non divulgué. Mais qu’importe si la plupart des critiques n’ont jamais eu le centième de l’influence de Pitchfork – une exception dans le milieu –, la perspective de recevoir des disques gratuits continue de pousser des centaines d’adolescents dans une voix que l’on dit sans issue. « À cet âge, c’est un argument largement suffisant pour se lancer là-dedans !, confirme Nico Prat, qui a commencé à 13 ans. Dès le début, ce qui m’a plu, c’est la liberté de pouvoir tout faire. Quand j’écrivais mes premiers papiers, je ne prétendais pas inventer quoi que ce soit, c’était