FASHION IS A GIRL’S BEST FRIEND
aris, ce mois d’avril. Peu avant l’aube, une voiture bélier fonce dans la vitrine de la boutique Chanel du 42, avenue Montaigne. Les braqueurs se ruent sur les sacs à main (ils en dérobent pour 360 000 euros) et repartent à scooter, laissant derrière eux des éclats de verre et une voiture en feu. Quelques mois plus tard, le « roi du cachemire » Brunello Cucinelli subit une visite tout aussi inattendue : en pleine nuit, des individus percent une des fenêtres de sa boutique des beaux quartiers de Milan et fauchent la dernière collection homme. Un coup qui fait écho à celui déjà essuyé à Londres par Marc Jacobs, contraint d’informer les journalistes de l’annulation de sa journéepresse « en raison du vol de la collection printemps-été 2012 au cours de son transfert depuis Paris ». Depuis quatre ans, les casses de mode se multiplient. De Sydney (où la designer Camilla Franks, adorée par Beyoncé et Oprah, vient de se faire dépouiller d’un stock entier de ses célèbres kaftans) à New York (où le pop-up store de Gwyneth Paltrow
PGoop Market a été délesté de 170 000 dollars de marchandises en décembre 2015) ; de Londres (où une fine équipe a mis la main au même moment sur 70 exemplaires du très convoité sac Dionysus de Gucci, soit 300 000 euros de butin) à Florence et sa bande de malfrats habitués des entrepôts Bulgari, Prada, Ferragamo, Gucci, Tom Ford et Chanel, une horde de voleurs plus ou moins organisés se ruent désormais sur la mode (quand ce n’est pas directement sur Kim Kardashian) avec la même hargne qu’une blogueuse en période de soldes. Stylist a enquêté sur cette toute nouvelle pègre du vêtement. Déjà en 2014, le rapport de l’observatoire national de la délinquance constatait que « les hold-up avaient fortement diminué dans les banques et les bijouteries depuis 2008. Les attaques ciblent désormais davantage les commerces de proximité ». La cause est simple : « Il y a aujourd’hui moins d’argent liquide à voler