UNE JOURNÉE EN ENFER
Pour le braqueur superstar Rédoine Faïd, auteur du culte Braqueur, des cités au grand banditisme, les films restent une grande source d’inspiration pour les bandits. « J’ai revu Heat de Michael Mann sept fois au cinéma et une centaine de fois en DVD, a-t-il confié au Point. La scène du braquage du fourgon m’a servi pour ma première attaque de convoyeurs. » Mais parfois, l’inspiration est puisée dans les tréfonds des séries B et ses ruses improbables, allant des burkas dissimulatrices aux masques de Buzz L’éclair. À Naples, en septembre dernier, la boutique Fendi a été prise d’assaut avec une simple pioche. « Je pensais que quelqu’un avait oublié ses clefs », racontera à la presse locale un riverain incrédule, relatant quelques bruits nocturnes impromptus. Dans ce vivier fantaisiste, on trouve néanmoins quelques fulgurances de génie logistique et des malfrats professionnels qui connaissent les réseaux de distribution de la mode mieux qu’un responsable achats. Selon Frédéric Doidy, commissaire divisionnaire au sein de L’OCLCO, l’office central de lutte contre le crime organisé, il s’agirait là de « bandes bien structurées et mouvantes, qui ont délaissé les attaques contre les fourgons blindés pour privilégier une autre cible, moins risquée et parfois bien plus rémunératrice ». Ainsi, en 2014, un camion de fret rempli de sacs Vuitton a été braqué par un gang de six personnes près de Gonesse (Val-d’oise), pour un butin de 800 000 euros. La même année, l’entrepôt Hermès de Rungis était dépouillé de 400 000 euros de marchandise. En 2015, des braqueurs se sont rués sur un dépôt logistique DHL à Saintquentin-fallavier, près de Lyon, pour rafler des palettes bourrées de produits Louis Vuitton. Pour les employés attaqués, un braquage est un événement traumatique majeur, comme le démontre une étude conduite en 2014 par l’université de Milan en collaboration avec la clinique du travail Luigi Devoto. « Les programmes de soutien des victimes de braquage sont mis en oeuvre seulement dans certains cas, comme les braquages de banques, explique le chercheur Giuseppe Fichera. Mais vu la fréquence de ces épisodes, il est urgent de développer des programmes de prévention et de soutien pour les travailleurs concernés, afin d’éviter l’apparition de symptômes chroniques. » En effet, si les enseignes qui se font détrousser régulièrement sont désormais préparées à l’éventualité d’un braquage,