LE CUL SUR LE DIVAN
«sornettes La libération sexuelle, c’est des
des années 1970 ! » Ce n’est pas Finkielkraut, mais une sexologue qui le dit. Tous les mardis, Romy Steiner reçoit dans son cabinet des patients que leur sexualité fait souffrir. Ils ont entre 20 et 60 balais, sont de tous les milieux sociaux et parlent de désir qui s’enfuit, de corps qui ne répond plus ou qui ne s’est jamais éveillé, de réactions incompréhensibles et de frustrations qui s’installent. Pendant un an, la journaliste Elsa Fayner a assisté à ces entretiens. Elle les raconte dans Sexothérapies, un document passionnant sur la réalité du désir, de la sexualité et de la place qu’ils ont dans nos vies. Le couple complice pour qui « ça » ne marche plus, le policier inquiet de ses fantasmes « bestiaux », la trentenaire qui aligne les conquêtes mais ne jouit jamais, l’homme amoureux qui ne bande plus... Pour tous, à un moment donné, quelque chose s’est figé, le corps et la tête se sont dissociés. Pour remettre ces malheureux sur leur « chemin d’excitation », la sexologue écoute, mais prescrit aussi des exercices pratiques, et emploie même l’hypnose. À travers ces récits, ce livre plein d’intelligence et d’empathie milite surtout pour une révolution sexuelle, et cette fois-ci une vraie : révolution de l’écoute de soi, de l’acceptation de la nature imprévisible et fluctuante du désir, et bien sûr de la liberté de dire non. Un message d’utilité publique tandis que la baise s’est transformée en impératif social, et l’orgasme en slogan publicitaire. C.R.
Observer la société dans le cabinet de la sexologue : le programme d’un généreux essai qui frappe sous la ceinture. Sexothérapies d’elsa Fayner, Seuil, 18 €.