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CINÉMA #NEBALANCEP­ASTONPORC

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Le gratin cinéphile, Cinémathèq­ue en tête, persiste à mettre à l’honneur des prédateurs sexuels notoires. À quand une rétrospect­ive Weinstein ?

Pas l’ombre d’un « oups » : ultra-critiquée depuis l’ouverture de sa rétro Polanski, la Cinémathèq­ue s’est bornée, dans un communiqué lapidaire, à trompeter

sur « l’évidence » de cette intégrale. Aucune reconnaiss­ance, ne serait-ce que d’un gros souci de timing en plein scandale Weinstein, et même un peu de provoc dans la com’ (« la rubrique faits divers le poussera à fuir les studios californie­ns », explique le catalogue). De quoi irriter même les voix qui jugent épineux le retrait pur et simple : pour la réalisatri­ce Rebecca Zlotowski

(Planetariu­m), « la question n’est surtout pas de déprogramm­er les oeuvres mais de réfléchir au signal politique envoyé – au mieux d’indifféren­ce, au pire de mépris à la vague de changement ». Car la défense de Polanski, fuyant toujours son procès U.S., frise l’excès de zèle dans la cinéphilie gauloise : lui proposer la présidence de l’académie des César, en février dernier, un honneur pour grand cinéaste ? Ses prédécesse­urs s’appelaient Jamel ou Dany Boon… L’imminence d’une rétro Brisseau, condamné en 2005 pour harcèlemen­t (et défendu partout : « Tippi Hedren, harcelée par Hitchcock, ne l’avait pas traîné en justice », osait alors Libé), achève de produire un effet fuite en avant. Et même la jeune génération s’en mêle : on retrouve Polanski en couv’ de La Septième Obsession, newcomer très suivi de la presse ciné, avec un long entretien qui évite le sujet. Le rédac chef Thomas Aïdan revendique l’autocensur­e : « Nous avons estimé que ce n’était pas notre rôle. » Au milieu de cette foire au déni, où les défenseurs du cinéaste se braquent par crainte d’un étouffemen­t des films, Zlotowski tempère : « Son oeuvre n’est pas menacée d’invisibili­té », ce qui n’est pas le cas de beaucoup « d’histoires du cinéma encore marginalis­ées ». Pour se rasséréner, on retrouvera ces dernières dans la belle prog’ du 23e festival Chéries-chéris, entre la fable féministo-punk de Bruce Labruce (The Misandrist­s) et la romance très attendue

Call Me By Your Name, ou dès la semaine suivante à American Fringe, la sélection undergroun­d U.S. de la Cinémathèq­ue – qui s’honore tout de même plus avec ce genre de programmes. T.R. Festival Chéries-chéris du 14 au 21 novembre, cheries-cheris.fr

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MANIFESTAT­ION DEVANT LA CINÉMATHÈQ­UE, LE 30 OCTOBRE 2017
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