Stylist

Parfums de post-apocalypse

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Le parfum n’a guère inspiré les futurologu­es. Pourtant férus de molécules nouvelles et d’accords inédits, les nez ne sont pas plus inspirés par le futur. Le Vangelis de Sylvaine Delacourte a beau porter le nom de l’auteur de la B.O. de Blade Runner, il fleure bon la vanille épicée plutôt que les relents de streetfood asiatique et les rejets d’usine toxiques. Accord de cuir goudronneu­x, de pneus surchauffé­s et de fleurs solaires, Ombré Leather de Tom Ford est censé évoquer l’ouest américain : on l’imagine dans le sillage brûlant de Charlize Theron, qui n’a jamais été si hot qu’en Imperator Furiosa manchote dans Mad Max Fury Road. Pour Eleventh Hour, Byredo part d’un pitch écolo un chouille-poil file-moi-le-lexomil® : le Doomsday Clock créé par le Bulletin of the Atomic Scientists en 1947 en guise de compte à rebours avant l’apocalypse. Dernier refuge de l’humanité après la fonte des calottes polaires, l’himalaya dégagerait des senteurs salubres de gomme de sapin fruitée et d’encens sur fond de silex… Moins anxiogène mais tout aussi space, d’autant que le parfum a été présenté à l’observatoi­re de Paris, Terre d’hermès Eau Intense Vétiver fait pivoter sur un axe boisé ambré une verdeur végétale tout en rondeur portée par un musc vaporeux jusqu’à la stratosphè­re. L’art des odeurs prôné par les futuristes, le voilà : dans cette façon de créer des mondes en réalité augmentée, avec le nez en guise de navette spatiale…

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