JEU VIDÉO NE RÉGLEZ PAS VOTRE TÉLÉVISEUR
Expérience très immersive dans ce fameux pays où les borgnes sont rois.
Le défi remonte au moins à Terreur aveugle, ce thriller champêtre où une Mia Farrow, frappée de cécité, fuyait une villa attaquée par un psychopathe sanguinaire : comment rendre visible l’horreur de ne pas voir ? Entre-temps, Daredevil est passé par-là certes, mais ses super-pouvoirs lui autorisent une tricherie un peu fastoche. Et si le jeu vidéo, plus que le cinéma et les comics, détenait la réponse ? Le sobrement titré Blind s’attaque à la gageure, en dépassant les questions de représentation graphique puisqu’il s’agit aussi d’adapter le gameplay au handicap de l’héroïne, jeune fille se réveillant aveugle dans un manoir sans savoir qui l’y a invitée. Proposant de se repérer par écholocation (en distinguant les contours grâce aux ultrasons), le jeu pousse à tendre l’oreille pour percevoir les arêtes du réel se dessiner par-dessus un néant d’encre. Mais c’est le mode VR, surtout, qui sublime l’expérience : à la suite du très malin Notes on Blindness (adapté du journal d’un chercheur ayant progressivement perdu la vue), Blind comprend que la nature profondément asphyxiante de la réalité virtuelle permet de restituer, une poignée d’heures durant, la vérité d’un monde enténébré. Et cette technologie maso, au passage, a peut-être enfin trouvé un sens à son existence. Y.S. Blind, Tiny Bull Studio, 20 €, PC.