JASMINE ANTEUNIS
Fille d’un ingénieur et d’une céramiste, joueurs d’accordéon et de flûte, son coeur balance entre l’informatique et les arts: «J’ai grandi dans un village où j’organisais des comédies musicales avec les ami.e.s de mon frère et de ma soeur.» « L’été après ma licence, j’ai donc passé les tests en ligne de 42, juste pour voir ce que c’était et ça m’a passionnée : j’ai enchaîné un mois de sélection avec des exercices non-stop, de 8 h à 23 h week-end compris. Tu pars de zéro, tu te tapes des zéros, et si tu tiens, à la fin tu sais recoder une calculette. » « Comme on partait avec une idée assez floue de l’intelligence artificielle, on ne s’est mis aucune barrière. Six mois plus tard, on avait un bêtatest qui fonctionnait : une technologie de compréhension du langage permettant d’automatiser une conversation avec un chatbot. » « Le chatbot n’est pas un robot qui va réveiller vos enfants à votre place. Pour le moment, il permet à SFR, Bouygues Telecom, Groupe Mutuel de répondre instantanément aux questions les plus simples et répétitives posées par leurs clients comme « comment changer ma carte SIM». On n’a plus besoin d’attendre mille ans au téléphone pour ça.» SON ACTUALITÉ Dopée par son rachat en janvier par le géant allemand du logiciel SAP, elle ambitionne de devenir leader dans le domaine des agents conversationnels. Avec plus de 30 000 utilisateurs, sa technologie commence à damer le pion à IBM, Google et Microsoft. « Je ne suis pas geek dans l’âme mais un prof de multimédia des Beauxarts m’a initiée au code et ça m’a réconciliée avec l’informatique. Mon plan était d’apprendre la scénographie quand un pote m’a parlé d’une nouvelle école lancée par Xavier Niel: .» «À l’école, j’ai enchaîné les projets avec Paul Renvoisé, qui venait d’histoire de l’art et portait encore des dreads, et Julien Blancher, qui sortait du lycée. Le staff nous a mis en contact avec Patrick Joubert, un entrepreneur qui sentait qu’il y avait quelque chose à faire dans le domaine de la conversation…» «Je n’avais pas une image très positive des start-up. Dans ma tête, c’était un mec D’HEC avec deux développeurs à casquette et un baby-foot. Et honnêtement, on n’est pas une start-up fun avec des jeux vidéo ou une super-déco mais on est vraiment potes et on s’éclate à bosser ensemble.» « Dernièrement, je me remets à dessiner et à faire de la sérigraphie. J’aime les choses répétitives, les motifs. Mon kiff serait de créer des papiers peints et d’en mettre partout dans une grande maison.»