Le Grand Bazar
Podcasts, séries, expos… on n’aura jamais autant squatté les piaules d’ados. Mais pourquoi la pop culture veut-elle nous renvoyer dans notre chambre ?
Toutes les news indispensables qu’on ne savait pas où mettre
À quoi pense-t-on et rêve-t-on lorsqu’on a le sébum et le seum – comprenez lorsqu’on est ado – dans sa chambre ? Grosso modo au sexe, à faire la fête, aux ami.e.s, à la musique et à éviter nos parents (ça ne change pas vraiment de maintenant). C’est ce qu’ont raconté, cet été, Sheila, Thierry Marx ou encore Marie-claude Pietragalla dans Chambre d’ado sur France Inter. Même exercice lors du Disquaire Day en avril, durant lequel Les Inrocks ont demandé à Disiz et Miossec de s’imaginer à nouveau ado dans leur piaule pour In My Room. Le chanteur Dominique A a, lui, reconstitué sa chambre pour l’expo Rock ! une histoire nantaise (jusqu’au 10 novembre au château des Ducs de Bretagne). FYI : les nostalgiques du rap français se rappelleront qu’il y a vingt-deux ans, Doc Gynéco sortait son album Première consultation, où on le voit dans sa chambre chez maman, Porte de La Chapelle, chaussettes qui traînent et skate à ses pieds. Citons aussi le Tumblr Teenage Bedroom on Screen qui, de manière chronophage, répertorie toutes les scènes de teen movies se déroulant dans une chambre, et la série d’animation
Big Mouth (consacrée aux joies de la puberté), dont la deuxième saison est disponible depuis le 5 octobre sur Netflix. Faut-il y revoir juste un regain de nostalgie ? Pour Joël Zaffran, professeur de sociologie à l’université de Bordeaux et auteur notamment de Le Temps de l’adolescence, la chambre d’ado, « c’est évidemment un espace transitionnel, de construction identitaire et de subjectivation, où l’enfant se construit en adolescent puis en jeune adulte. Au début du XXE siècle, pour les femmes, la chambre était le symbole de l’émancipation, comme l’a écrit Virginia Woolf dans Une chambre à soi. Pour les ados, c’est un espace d’autonomisation. C’est une boîte (espace privé) dans la boîte (espace familial) ». Faudrait tout de même pas virer Hikikomori, du nom de ces Japonais.e.s qui ne quittent plus leur chambre chez papa-maman.