CALIFORNIA LOVE
Deux coeurs purs qui brûlent en plein dans la misère L.A.: comme si la région avait besoin d’un incendie de plus.
Poche de misère greffée au city center de L.A., le quartier de Skid Row assume un statut peu flatteur : celui de capitale américaine des sans-abri. Un territoire de damnation plongé dans un quotidien de drogue et de détresse sociale, où une population afroaméricaine à l’agonie est tenue à la frontière des vivants par une vitre invisible. En cette période de triomphalisme wasp, Game Girls a le mérite de rappeler le degré de délabrement et de résignation de ces twilight zones urbaines, animées par la course ininterrompue au logement décent, aux aides
sociales et aux besoins de première nécessité. Mais le docu vaut davantage que cette radiographie de l’inframonde zombifié de l’amérique des sunlights. Le précis de survie en milieu marginal est ainsi agité à sa surface par deux ouragans de rage, Teri et Tihana, dont le film ausculte au plus près
l’amour têtu et brutal, entre engueulades dévastatrices, thérapie de groupe et aller-retour au mitard. Une sorte de pendant lesbien et West Coast au Mad Love in New York des frères Safdie : hémorragie affective, dope à tous les étages, et un cinéma indé U.S. qui ne renaît jamais aussi puissamment que quand il sublime la crasse. L.B. Game Girls d’alina Skrzeszewska, durée : 1 h 25.