CINÉMA FELLINI TÊTE DE TIGRE
Quand un.e pote vous dit « il faut absolument que je te raconte mon rêve », vous faites comme tout le monde : vous préparez une interprétation banale (« sûrement ta mère »), et vous attendez que ça passe. Mais quand ce pote, c’est Fellini ou Picasso, vous écoutez mieux : quand ils rêvent, ce n’est pas d’être allé à l’école en ayant oublié son slip. C’est un champ de guerre fait de barbarie, de danse, de corps parfaits, d’autres monstrueux, de sexe, d’antiquité, de corrida. La Cinémathèque s’est attelée à le labourer : l’occasion de pousser quelques « ah oui, en effet » au vu du montage cubiste d’une Dolce Vita, des vertiges modernistes d’un air de Nino Rota ou d’innombrables costumes inspirés plus ou moins consciemment du peintre. Mais surtout d’exposer Fellini par les rêves, ce qui est non seulement possible (le cinéaste a tout consigné de sa vie onirique à partir de 1960, publiée à titre posthume : Le Livre de mes rêves), mais surtout la meilleure manière d’y plonger : bien loin du folklore 60’s italien, un cauchemar éveillé entre le cirque et l’apocalypse, où Guernica pourrait bien être une scène de La Strada, et inversement. Plus on est de fous, plus on rit – à la Cinémathèque, ils en ont invité deux. T.R. Quand Fellini rêvait de Picasso, exposition et rétrospective intégrale jusqu’au 28 juillet à la Cinémathèque Française. Ressortie en salles en version restaurée : Les Clowns et Répétition d’orchestre.