6 SÉLECTION QUICKY DE DERRIÈRE LES FAGOTS
Dans la vie, vous êtes plutôt une personne discrète et romantique. Mais dès que le sort s’acharne un peu trop sur vous, vous devenez chaud.e comme une baraque à frites et vous consommez les personnes comme d’autres s’envoient des pizzas. On comprend votre besoin de relâcher la pression, mais si tout ce qui compte, c’est l’exploit physique, rabattez-vous plutôt sur cette sélection qui va faire exploser votre rythme cardiaque.
Si rien ne vous détend plus que de : rire très nerveusement dans la Tower of Terror.
Il vous faut : le roman Slade House.
Dans cette histoire de maison hantée, de bien mystérieux jumeaux invitent, tous les neuf ans, une nouvelle victime pour dévorer son âme en guise de cure de jouvence. Slade House fait défiler cinq histoires courtes, toutes reliées – les quatre premières racontées depuis le point de vue de la proie. Changeant de ton et de registre à chaque chapitre, passant par exemple d’un enfant rêveur à un flic macho à une étudiante enamourée, David Mitchell livre un page-turner semblable à un tapis-roulant : le.la lecteur.rice ne choisit pas le rythme, il.elle le subit.
Slade House de David Mitchell, trad. de l’anglais par Manuel Berri, éd. de l’Olivier, 272 p., 22 €.
Si rien ne vous détend plus que de : lancer des haches avec style (comme Diane Lockhart dans The Good Fight)
Il vous faut : le jeu Days Gone.
Si passer un après-midi aux Buttes Chaumont vous donne envie de faire une Thanos sur la moitié de l’humanité, on vous conseille de passer vos nerfs en dégommant du mutant/ zombie dans le monde post-apocalyptique de Days Gone sur PS4. On y incarne Deacon St John, rescapé solitaire et match Tinder parfait (brun, barbu, tatoué et veuf) dans sa quête de survie. Au programme : de longues balades à moto en étant poursuivi.e par une horde de morts-vivants, et des arrêts « destruction de repères de vilains »… Il ne manque plus que l’harmonica du générique du Rebelle pour s’y croire vraiment (poke Lorenzo Lamas).
Days Gone, sur PS4, 69,99 €.
Si rien ne vous détend plus que : imiter Beyoncé who-runs-this-motherfucker devant la glace.
Il vous faut : le récit Voguer.
« La nuit, des garçons dansent pour conjurer le sort et faire vivre un désir plus grand. »
Si vous n’avez pas eu d’émotions depuis la dernière RuPaul’s Drag Race, la poésie de Marie de Quatrebarbes devrait remuer ce qu’il vous reste de larmes. Dans Voguer, elle dresse cinq portraits ; des danseur.euse.s immortalisé.e.s dans le documentaire Paris Is Burning de Jennie Livingston (1991) mais aussi Pasolini, Kleist ou encore un anonyme parisien. Amour, luttes, prostitution, destins brisés… Les personnages se laissent la parole à tour de rôle, comme des danseur.euse.s faisant chacun.e un tour de piste lors d’un ball flamboyant.
Voguer de Marie de Quatrebarbes, P.O.L, 144 p., 13 €.
Si rien ne vous détend plus que de : courir comme si vous partiez envahir la Pologne.
Il vous faut : l’expo Opéra Monde.
Avis aux amateur.rice.s de Scrabble allemand, on a un mot pour vous : Gesamtkunstwerk. Soit le concept d’œuvre totale, qui est aussi celui de l’expo Opéra Monde au Centre Pompidou-Metz. De la musique au décor en passant par les costumes, c’est une immersion XXL dans le curieux monde de l’opéra, de l’opulent XVIIe siècle (les mille variations de La Flûte enchantée) aux versions contemporaines plus barrées (la bite géante de Roland Topor pour Le Grand Macabre, l'immense King-Kong de L’Affaire Makropoulos), et sublimissimes
(L’Ascension d’Isolde de Bill Viola vous ferait croire en Dieu).
Opéra Monde, la quête d’un art total au
Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 27 janvier.
Si rien ne vous détend plus que de : chialer en club.
Il vous faut : l’album Honey.
Si depuis la fin de Skins (2013), vous vous trouvez à court de chansons sur lesquelles courir à travers les champs à 3 h du matin post-rupture douloureuse et/ou si vous éprouvez un violent besoin d’expier votre millenial angst en dansant (on your own) en slip pendant une session ménage dominicale, ne cherchez pas plus loin que Honey, le dernier album de la Suédoise Robyn. Des chansons d’amour perdu/ non-réciproque/les deux à la fois qui, curieusement, donnent autant envie de bouger lascivement contre son frigo que de clubber jusqu’au premier métro. Du miel pour les oreilles.
Honey de Robyn, Konichiwa/Interscope, 2018.