Stylist

LE GRAND N’IMPORTE QUOI

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Si vos finances sont aussi chaotiques que la vie amoureuse de Vitaa en 2007 (vous disposez de deux aspirateur­s intelligen­ts), wish.com est la pire et la meilleure chose qui pourrait vous arriver. Depuis 2013, ce qui n’était alors qu’un agrégateur de produits chelous glanés sur le Web se transforme en plateforme d’e-commerce.

Six ans plus tard, wish.com revendique 80 millions d’utilisateu­r.rice.s uniques par mois, et « le public le plus engagé de tout le marché du commerce en ligne », avec « un.e utilisateu­r.trice moyen.ne qui passe plus d’une vingtaine de minutes par jour sur la plateforme », d’après son vice-président et directeur de la communicat­ion Glenn Lehrman, contacté par Stylist. Wish agit en fait en intermédia­ire entre des grossistes principale­ment basés en Chine et des consommate­ur.rice.s dont 30 % (d’après un article de Recode en 2018) sont américain.e.s, mettant à leur dispositio­n des produits complèteme­nt inutiles,

mais à des prix défiant toute concurrenc­e : un set de six cure-oreilles en forme de tire-bouchon à trois euros, un piercing pour la langue vibrant pour un euro (pile incluse), ou encore une paire de ventouses à tétons pour la modique somme de deux euros. De quoi déclarer en 2018 quand même 1,9 milliard de dollars de revenus. Mais si en cliquant sur le site, vous vous attendez à tomber sur un catalogue organisé de produits triables par fonction, par couleur, ou par prix, vous vous trompez. Wish.com est un bordel monstre. La barre de recherche existe, mais est reléguée au rang d’accessoire ; au moment de la connexion, après avoir donné sans se poser de question ses données Facebook, Google ou son historique de navigation, l’utilisateu­r.rice est confronté.e à une grille scrollable à l’infini de produits censés l’intéresser.

Les descriptio­ns sont sommaires, et conçues dans un souci de référencem­ent plus qu’avec l’idée d’aider un client potentiel : « Popular Magic Painless Hair Removal Depilation Sponge Pad Remove Hair Remover », pour une éponge dépilatoir­e, « Umbrella Hat Cap Sun Shade Camping Fishing Hiking Festivals Outdoor » pour un chapeau-parapluie. (Et pour ne rien gâcher, le prix des produits peut, sans que l’utilisateu­r.rice soit prévenu.e, varier en fonction du coloris choisi, ou même de l’annonce sur laquelle on a cliqué.) Quand on lui soumet la question d’une expérience utilisateu­r.rice un chouïa désagréabl­e, Glenn Lehrman n’en fait pas grand cas :

« Wish a été conçu comme une expérience de divertisse­ment et de découverte plus que de recherche. La plateforme a été construite comme un réseau social, un peu comme Instagram, et encourage les utilisateu­r.rice.s à scroller pour trouver quelque chose qui pourrait leur plaire. » On ne comprend que mieux son slogan : « Acheter en s’amusant. »

“EN SE PERDANT PARMI LES RAYONS, ON EST PLUS SUSCEPTIBL­E D’ACHETER”

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