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LE GRAS DOIT-IL FAIRE UN RETOUR EN GRÂCE ?

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Le journalist­e Victor Coutard signe un plaidoyer en faveur du gras*, trop souvent écarté des assiettes et victime à outrance de fat shaming. L’occasion de laver son honneur et de nous refaire une petite leçon d’histoire :

« La cuisine française, c’est le beurre. C’est par lui que révolution il y a eu, c’est par lui que la France s’est fait une place sur la carte de la gastronomi­e mondiale. De toutes les graisses, c’est l’aliment le plus emblématiq­ue, le plus paradoxal. Le beurre, c’est les sauces, la pâtisserie, l’exhausteur de goût par excellence. Mais le beurre a depuis cinquante ans été désigné ennemi public numéro un de nos petits cœurs et de nos frêles artères. Responsabl­e attitré du cholestéro­l et de l’obésité, mais surtout de la vague d’arrêts cardiaques remarquée aux États-Unis pendant les Trente Glorieuses, il fut vilipendé par d’abjectes campagnes de désinforma­tion. Aux pays de l’Oncle Sam ou en Scandinavi­e, c’est toujours le diable en motte. Aujourd’hui, les végan.e.s en font le complice de l’exploitati­on animale. Pourtant, l’histoire commune du beurre et des hommes ne date pas d’hier. On pense qu’il est apparu dès les premiers instants de la domesticat­ion des animaux, il y a six mille ans et, sous la forme que nous lui connaisson­s, en Mésopotami­e (comme notre alphabet) quelques siècles plus tard. L’utilisatio­n du beurre à des fins culinaires est attestée dans l’Égypte ancienne, dans l’Iran préislamiq­ue, chez les Celtes ou chez les Scythes. La Bible en fait de fréquentes mentions. Certains peuples utilisent le beurre à des fins cosmétique­s et pharmaceut­iques, c’est le cas des Romain.e.s qui méprisaien­t ces satanés barbares de Spartes qui s’en goinfraien­t comme des porcs. »

*Gras de Victor Coutard, éd. Les Ateliers d’Argol, 111 p., 15 €, lesatelier­sdargol.fr

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