Stylist

REMONTÉE D’ACID

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La mode de l’électro arabe a explosé ces dernières années mais a failli oublier un truc important : des artistes arabes.

Ça n’a sûrement pas échappé à Benoît Hamon, intestable en matière de mise en scène arabophile un chouïa forcée (« en direct du meilleur kebab de Béziers ! »), mais voilà une petite dizaine d’années que la France adore la techno arabe et qu’elle aime bien le faire savoir. Grandement à l’origine de la tendance : le collectif Acid Arab. « Au début, c’était une soirée, puis une série de compilatio­ns avec le label Versatile, et enfin un groupe », expliquent ses membres dans la descriptio­n de leur nouvelle série d’événements en club, nommée « la hafla » (« la fête », pour ceux.celles qui n’ont pas fait arabe LV2).

L’ambition du duo, composé de Guido Minisky et d’hervé Carvalho : dresser des ponts entre acid house et sonorités arabes. Les teufs qu’ils organisent dans le petit club parisien chez Moune agissent comme un catalyseur. Depuis qu’ils ont ouvert les vannes du métissage, on a assisté à une explosion de soirées (la Hafla, la Habibi Love…) rendant hommage à ce mélange des genres. L’esthétique arabe était-elle devenue la nouvelle valeur sûre de l’électro hexagonale ? Oui, mais non sans voir s’élever quelques voix dénonçant là une forme d’orientalis­me 2.0, notamment suite au clip algérois de Territory du duo The Blaze. En 2017, le collectif NAAR, une structure destinée à promouvoir des projets d’artistes venu.e.s du Maghreb et du Moyen-orient, se fendait d’un manifeste : Et si on laissait enfin les artistes arabes raconter eux-mêmes leur(s) histoire(s) ? (sur Medium), dans lequel ils.elles regrettaie­nt que les créateur.rice.s arabes ne soient pas associé.e.s à de tels projets. En sortant aujourd’hui son premier véritable album, Acid Arab répond présent. Rejoints entre autres par le claviérist­e algérien Kenzi Bourras (qui a accompagné feu Rachid Taha), ils ont construit ce Jdid au gré des collab’ : les chanteuses de raï Radia Menel, Sofiane Saidi, Amel Wahby et Cheikha Hadjla viennent y mêler leurs voix mélancoliq­ues aux boîtes à rythme de la formation, tandis que le producteur belgo-tunisien co-signe le banger électro Rajael. Rendez-vous à la pré-release le 17 octobre chez le disquaire parisien Dizonord pour la hafla. Avec toi, Benoît ? B.F. Jdid d’acid Arab, Crammed Discs.

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