CALL ME BY VOTRE MAJESTÉ
l y en a un qui doit aborder 2020 avec sérénité : un rôle dans l'adaptation des Quatre filles du docteur March (par Greta Gerwig), un autre dans le dernier Wes Anderson, mais surtout le haut de l’affiche du blockbuster le plus attendu, Dune.
Avec un tel alignement des planètes, on voit mal ce qui empêcherait la consécration du young and beautiful Timothée Chalamet. Alors que son physique de musaraigne snob aurait pu le cantonner aux figures d’intellos romantiques, le rongeur a prouvé que ses dents étaient plus longues (et plus affutées) que prévu. Il faut dire que le destin a fait vite (une nomination aux Oscars à 22 ans, pour
On ne pouvait pas imaginer meilleur moment pour mettre une couronne sur la tête de Timothée Chalamet.
ICall Me by your Name) tout en apprenant à ce faux nonchalant à anticiper les obstacles (starifié par Woody Allen dans Un jour de pluie à New York, il se désolidarise du film dès les premiers souffles de la tempête #Metoo). Dressée, drapée, débordante, la table des honneurs n’invite désormais qu’à se servir. Mais justement : comment être certain qu’il s’agisse du bon moment ? Comment savoir si ce n’est pas un piège ? Cette panique face au destin s’avère être la problématique de The King, opulente fresque Netflix où l’acteur campe le jeune Henri, héritier de la couronne d’angleterre sur la tête duquel celle-ci va tomber, malgré ses efforts pour l’éviter. Sa constitution
(trop chétive) et son tempérament (trop dépressif) le gardaient de pareil coup du sort, mais les voies de l’accomplissement sont impénétrables. Pas même besoin du détail gag de voir sa dulcinée IRL Lily-rose Depp jouer sa reine (ils.elles se sont rencontré.e.s sur le tournage) : on a pigé, le roi, c’est l’acteur et l’acteur, c’est le roi. Habile digest shakespearien (personne n’a lu la seconde tétralogie ?), le film rejoue les contrariétés de cette prise de pouvoir sur le bon vieux terrain de la lutte franco-anglaise, jetant l’inexpérimenté Henri V en campagne contre l’arrogant dauphin de France (Robert Pattinson en roue libre). Un rival loufoque et sans complexe, dont le règne de trentenaire tranquille (on retrouvera Pattinson dans le prochain Nolan, mais aussi sous le masque de Batman) devrait au moins rassurer notre baby king quant à son propre avenir. L.B.
Le Roi de David Michôd avec Timothée Chalamet, Joel Edgerton, 2 h 20.