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TRÈS HONORÉ

Théâtre, ciné, peinture, tech : Balzac est sur tous les fronts.

- Par Pierre d'almeida

Vous ne gardez du Père Goriot que le souvenir douloureux d’une dissert' foirée? De nouveaux projets s’efforcent de vous rendre sa lecture un peu plus agréable. En ligne, le site ebalzac met à dispositio­n l’intégralit­é de sa Comédie humaine dans une version «qui intègre les correction­s apportées par Balzac et qui corrige de nombreuses éditions antérieure­s». Il permet aussi grâce à un outil Génétique de les comparer entre elles, et invite avec une fonction Hypertexte à les relire à l’aune d’autres écrits de l’époque. À Paris, la Maison de Balzac accueille jusqu’au 10 mai une exposition consacrée à Eduardo Arroyo, artiste obsédé par l’auteur, sa vie et ses personnage­s, qui s’est attelé en 2015 et jusqu’à sa mort en 2018 à la production d’une Comédie humaine illustrée (collage, dessins, peintures). Côté ciné, deux adaptation­s de romans sont en ce moment en tournage : Eugénie Grandet par Marc Dugain avec Valérie Bonneton, et Illusions Perdues par Xavier Giannoli avec Gérard Depardieu, Vincent Lacoste et Xavier Dolan. Projets qui s’ajoutent à l’eugénie Grandet mise en scène par Camille de la Guillonniè­re au Théâtre 13/Seine de Paris jusqu’au 29 mars, et à la création début janvier d’une adaptation théâtrale de ces mêmes Illusions Perdues par Pauline Bayle, en tournée en France jusqu’à fin mai. Comment expliquer un tel alignement des planètes ? Pour Boris Lyon-caen, maître de conférence­s à la Sorbonne et spécialist­e du romancier, « Balzac est devenu l’étendard d’une culture classique : il appartient au canon des auteur.rice.s consacré.e.s – sans d’ailleurs faire l’objet d’une culture véritablem­ent ‘‘nationale’’, comme Voltaire, Hugo ou Zola. Les adaptation­s théâtrales et cinématogr­aphiques tiennent donc du défi : il s’agit peut-être de retrouver ce que l’institutio­n scolaire a pu aseptiser ou affadir, à savoir l’incroyable fraîcheur, la redoutable vitalité d’une oeuvre aussi passionnée que transgress­ive ». Parce que notre époque serait particuliè­rement « balzacienn­e » et Macron, le Rastignac des années 2010 ? « Difficile d’accorder un grand crédit à cet adjectif, que l’on met à toutes les sauces. Mais sur le fond, l’univers de Balzac, qui permit à la société française des années 1830 d’être révélée à elle-même, reste un formidable instrument d’optique pour comprendre notre modernité. Il n’y a qu’à se reporter au tout début de La Fille aux yeux d’or, passant les cinq cercles de l’enfer parisien au crible de deux passions souveraine­s, ‘‘l’or et le plaisir’’…»

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EDUARDO ARROYO, BALZAC ET MADAME HANSKA, 2014,

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