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Six bonnes raisons de s’intéresser au Tournoi des six nations B

À l’ombre du grand tournoi et à la même période, une autre compétitio­n s’épanouit: le championna­t d’europe des nations (ou Tournoi B) réunissant Géorgie, Roumanie, Russie, Portugal, Espagne et Allemagne. L’épreuve se joue sur deux ans et le titre sera déc

- ET DR

En 1931, les Anglais boudent et excluent les Français des Cinq nations pour cause de brutalité et d’amateurism­e marron. Qu’à cela ne tienne, la France décide de créer la FIRA, Fédération internatio­nale de rugby amateur, concurrent­e de l’internatio­nal Rugby Football Board dominé par les Anglo-saxons. L’idée: ouvrir ce sport au monde que les Anglais ignorent, est bonne. La suite, moins. La fédération organise un tournoi annuel avec... l’italie fasciste et l’allemagne nazie. Avec la réintégrat­ion des Bleus dans le Tournoi après la guerre, la FIRA régit un rugby amateur qui n’intéresse personne. Puis, elle met en place une compétitio­n de 1965 à 1998 que l’équipe de France A (réserve), la Roumanie et l’italie dominent. Avec l’intégratio­n de l’italie chez les grands en 2000, la FIRA réorganise la compétitio­n en sept divisions de six nations chacune. Dans la dernière, la Biélorussi­e: 65 licenciés. À la différence du Six nations, son petit frère ne tient pas de la ligue fermée. Le dernier descend en division inférieure, laquelle envoie son vainqueur à l’échelon supérieur. Avec un tel système appliqué au Tournoi, la Géorgie, bien partie pour remporter un cinquième titre consécutif, remplacera­it le cancre du Six nations, à savoir l’italie –onze fois dernière depuis 2000–, l’écosse –quatre– ou même la France –une fois, en 2013. Une révolution pour un sport d’essence aristocrat­ique. Sauf que cette idée dérange les gros enjeux économique­s du club des six. Mais faisons au moins une propositio­n. Et si un match de barrage était joué entre le dernier du Tournoi et le premier du B? Juste pour du beurre.

Vierge de tout sacre continenta­l en sport collectif, si on oublie ses treize titres en rink-hockey, le Portugal peut se consoler en exhibant son titre de champion d’europe des nations en 2004. Trois ans plus tard, sur la même dynamique, les Lobos –les Loups– se qualifient pour la Coupe du monde en France, où ils encaissent avec le sourire 108 points contre les Blacks. Depuis, les Lobos font moins peur. En témoigne l’unique victoire contre l’allemagne l’an dernier. Pire, l’espagne est même venue s’imposer sur leurs terres dans le derby ibérique. Pour revivifier son équipe, la fédération vient de nommer comme entraîneur Ian Smith, ancien capitaine de Gloucester. Il pourra compter sur une bonne moitié de joueurs formés en France, dont le rugueux Julien Bardy (Clermont) pour éviter la

descente. En rugby, pas de “et à la fin, c’est l’allemagne qui gagne”. Promus en 2015 à la place de la Belgique, les Allemands n’ont pas gagné un match l’année dernière, avec tout juste un malheureux point de bonus défensif gratté. Pour y remédier, le sélectionn­eur a appelé à la rescousse quelques Australien­s naturalisé­s (Sean Armstrong, capitaine), Sud-africains, Argentins ou Italiens qui traînent leurs crampons sur l’autre rive du Rhin. Maillots noirs frappés de l’aigle, ils devront montrer plus qu’un certain Daniel Armitage, dont la quasihomon­ymie avec l’arrière de Toulon n’a fait peur à personne. C’est sans doute le plus beau geste du rugby: laisser tomber le ballon pour le botter aussitôt en direction des perches. Un geste a priori réservé aux arrières ou à un troisième ligne de génie comme Zinzan Brooke. Sans doute pas à un talonneur évoluant en 4e division anglaise et au passeport allemand. Et pourtant…à la 17e minute du match contre la Roumanie l’an dernier, Dale Garner ramasse un ballon sur la ligne des 22 mètres et, instinctiv­ement, ajuste un drop. Un modèle du genre mais totalement passé inaperçu dans un pays où le rugby s’est surtout développé sous le IIIE Reich. Oublié, il n’est plus qu’un sport anecdotiqu­e dont la sélection affiche le niveau d’une équipe française de Fédérale 1. Mais marque des drops. Staline est né à Gori, ville du centre de la Géorgie. Depuis, les Russes considèren­t ce pays comme une de leurs provinces et ne l’ont jamais épargné. Dernier conflit en date, la guerre de 2008 où la Russie avait même bombardé et occupé Gori. Alors, quand le voisin se déplace à Tbilissi, l’ambiance est nucléaire et l’enjeu dépasse le cadre sportif. L’année dernière, pour exacerber encore leur motivation, les autorités géorgienne­s avaient organisé un rendez-vous entre les joueurs avec des soldats blessés pendant la guerre de 2008. Les supporters avaient, eux, tourné le dos à la pelouse lors de l’hymne adverse, méthodique­ment sifflé. Résultat, les Russes avaient explosé comme une bombe à fragmentat­ion. Écrasés 33 à 0 par les Gorgodze et consorts qui évoluent presque tous en France. Leur 19e défaite consécutiv­e contre la Géorgie depuis 1993. Match retour à Sotchi le 12 mars. Il soutiendra­it quelle équipe Staline? PAR HERVÉ MARCHON / PHOTOS: PANORAMIC

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