Anatomie d’une chute
Cette année encore, le Montpellier Hérault Rugby, englué dans la lutte pour le maintien, a décidé de nous divertir en confiant à Bernard Laporte, Patrice Collazo, Vincent Etcheto, Christian Labit, et Antoine Battut une mission sauve-qui-peut au casting cinq étoiles. Pour quel résultat? On vous dit tout. J15 RACING 92- MONTPELLIER, 17 FÉVRIER
Le constat est implacable: le MHR va mieux depuis le mois de décembre. Il a battu Castres, Toulon et la Section Paloise, et les signaux passeraient presque au vert s'il n'était pas encore dernier de ce foutu Top 14. Dans le staff, l'ambiance est au beau fixe après ces succès à la maison et voilà un déplacement périlleux dans l'antre du Racing 92 qui pointe le bout de son nez, avant la réception vitale de l'aviron Bayonnais. Le staff se réunit et la question est posée: quelle stratégie adopter sur ces deux matchs? Christian Labit, qui se sent pousser des ailes depuis qu'il regarde la Pro D2 dans son canapé, propose de jouer les deux à fond. Etcheto est dans son camp. Collazo, déjà la tête à Bayonne, fait la moue et demande à ceux qu'il appelle “les copains de la Pro D2” pour les vanner de se calmer. Etcheto ne se laisse pas faire et rappelle à Patrice qu'il était en Pro D2 avec Brive en début de saison. Collaz' se marre mais insiste: “On ne va pas à Rouen, les gars. On va au Racing, on peut morfler sévère!” Bernard Laporte intervient pour ramener les choses à lui et mettre les points sur i: “Grâce à ma super convention avec la fédé, ils n’auront ni Le Garrec, ni Woki, ni Fickou, ni Gibert mais je pense qu’il faut mettre une équipe mixte avec un gros banc pour préserver tout le monde.” Le patron a parlé, plus personne ne moufte. Labit propose un plan anti Arundell pour l'enfermer sur chaque action, ça avait super bien marché avec “Carca” l'an passé contre Vannes. Il y a pensé très fort cette semaine lors de sa partie de chasse. Hélas, l'ailier anglais fait joujou avec la rush defense montpelliéraine, le placide Van Rensburg s'agace et voit rouge, Carbonel se claque et Coly est commotionné. 25-8, pas un point à l'horizon. Collazo aurait dû s'écouter. Il le savait. Saloperie de démocratie participative…
J17 OYONNAX- MONTPELLIER, 2 MARS
“Le temps des copains”. À la veille du déplacement dans l'ain, la une de Midi Olympique agite le landernau du rugby français. “Pour rendre service à un ami”, Claude Atcher a accepté le poste de directeur administratif et du développement du MHR. Mohed Altrad prend la phrase pour lui, mais c'est bien de Bernard Laporte dont parle le directeur général déchu de France 2023. “Claude a accepté une formation pour tendre vers un management bienveillant et les équipes sont heureuses de travailler sous ses ordres”, s'avance Laporte. Atcher serait même arrivé les bras chargés de chouquettes avant de nommer Geoffrey Doumayrou “happiness manager”, et tant pis si l'intéressé lui signale qu'il est toujours un joueur en activité. Les supporters, eux, digèrent mal la nomination du Gardois. “Ce n’est pas à moi de dire si Claude est nîmois, je laisse la justice faire son travail”, explique le manager des Montpelliérains après une victoire contre les Oyomen. La défaite de l'aller est oubliée. L'effet Atcher, sans doute.
J19 RC TOULON- MONTPELLIER, 23 MARS
Bernard Laporte a très, très mal dormi en cette veille de déplacement à Toulon. Pourtant, ce week-end avait tout pour lui plaire: un retour dans le Var où il sera acclamé, des dizaines d'accolades avec des vieilles connaissances. Mais non, Bernard Laporte n'a pas trouvé le sommeil, après avoir jeté un oeil au quota JIFF de son équipe un vendredi soir à 20 heures. Et il s'annonce mal: son club a 14 JIFF de retard sur le quota requis. Ce samedi matin, Bernard pique donc une crise: “Qui est ce con qui a fait ce recrutement?” En pensant très, très fort à Philippe Saint-andré. “On sait, on sait Bernard, tente Patrice Collazo, mais on voulait gagner avant de gérer.” Va donc pour une équipe 100% JIFF face à Toulon, pas le choix. Sortis du groupe à la dernière minute, Harry Williams et Sam Simmonds commencent l'apéro à l'heure du match et finissent au poste de police, sur lequel ils ont pissé sans
le savoir. La déroute toulonnaise sur le pré se double d'un coup de fil aux avocats de Laporte (qui ont déjà beaucoup de boulot) pour sauver les Anglais en garde à vue. Quand tout va mal… Pour couronner le tout, la semaine suivante, visiblement en panne d'inspiration, Pascal Praud décide de dédier sa chronique hebdomadaire dans le JDD à ces trois malheureux avec ce titre: “Les puritains veulent gagner le match contre la 3e mi-temps…”
J22 MONTPELLIER- PERPIGNAN, 27 AVRIL
Trop de chefs, pas assez d'indiens. Après quelques mois sous haute tension, Vincent Etcheto finit par démissionner. Il ne trouve pas sa place dans le projet, coincé entre les ego et les avis qui diffèrent. Le Midol parle de “divergences de vue”, Etcheto dit partir “en esprit libre” comme son idole David Ginola. Laporte veut un jeu direct et restrictif ; Etcheto un jeu enlevé ; Collaz' tente une synthèse, mais ça coince dans le sprint final, même lorsque leur agent, Alain Forni, tente de les réunir autour d'une table. Sur RMC, Moscato ressort à nouveau la vidéo dans laquelle Etcheto avait traité Laporte de “fashionista”. Dans la foulée,
Antoine Battut, qui faisait partie des joueurs virés par Altrad lors du
“barbecue gate” de la fin de saison 2017, fait part de son désaccord et s'en va aussi. Pour le remplacer, Forni propose Xavier Garbajosa, mais Mohed Altrad préfère François Trinh-duc et Fulgence Ouedraogo, sans expérience mais fins connaisseurs de la maison. Et puis pourquoi pas, après tout? Christian Labit, qui connaît L'USAP pour l'avoir affrontée à de nombreuses reprises en Pro D2 avec “Carca”, le sait mieux que personne: le stade sera rempli de Catalans, et ça l'inquiète. “Je les connais, c’est des malades.” Match à 15 heures sur Canal+, fumis aux alentours du stade, ce match sent la poudre. D'autant que coincé par son quota JIFF, le MHR va devoir se passer de Jan Serfontein, Ben Lam, George Bridge et Cobus Reinach. On a connu mieux. Pour préparer la rencontre et se mettre dans l'ambiance, le groupe se met au vert du côté de Collioure. Et pour calmer les inquiétudes de son groupe, Bernard Laporte ressort les classiques. Après le désormais célèbre “Si les gens en place avaient fait le boulot, on aurait dû être champions du monde. Il faut peser, à un moment donné”, il remet ça: “On m’a empêché de le faire pendant la Coupe du monde, je vais peser, je connais du monde à la ligue.” L'USAP est prévenue: difficile d'affronter l'entregent de Bernie