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Vi-aR Family
Obsédé depuis des années par le sort des migrants Sud américains, Alejandro Gonzalez Inarritu a imaginé avec Carne Y Arena une installation en réalité virtuelle pour faire partager leur expérience. Le résultat impressionne mais soulève quelques
À QUOI çA RESSEMBLE?
Dépaysement d’abord: on est à Mandelieu dans un hangar à avions. A l’intérieur, un morceau de la vraie barrière métallique séparant le Mexique des US, et une collection de chaussures abandonnées. Dans un sas, il faut se déchausser avant d’être équipé d’un sac à dos/PC et d’un casque audio vidéo Oculus. Soudain, le désert de Sonora apparaît à 360°. Tandis que le sable crisse sous les pieds nus et que le vent souffle, des réfugiés apparaissent, parlant espagnol. Un hélicoptère tonitruant survole la scène, juste avant l’arrivée de la police des frontières qui arrête tout le monde.
À QUOI çA SERT?
Techniquement, le rendu très réaliste a dû demander une puissance de calcul colossale, et Lubeszki a créé une ambiance crépusculaire dramatique. L’effet est assez convaincant pour inciter à s’aplatir derrière les buissons pour échapper aux flics. Mais le spectateur comprend vite qu’il ne peut pas interagir avec les personnages virtuels et que son rôle se limite à celui de témoin. Le programme dure 10 minutes, mais il se poursuit dans un couloir, avec les biographies d’une douzaine de migrants. Après l’expérience par les sens, le sens par le texte. L’aube d’une nouvelle forme de communication?
À QUI çA S’ADRESSE?
Etant donné le fonctionnement de l’installation (un seul visiteur à la fois), le public restreint (400 festivaliers triés sur le volet), et le coût vraisemblablement faramineux de sa production, on peut hasarder que c’est cher payé pour élever les consciences de quelques privilégiés. Il faut espérer que Carne y Arena pourra voyager, comme est appelée à le faire l’installation en réalité virtuelle The enemy, dans laquelle le photographe Karim Ben Khelifa invite le public à vivre différemment la guerre en partageant les points de vues de différents adversaires (visible jusqu’au 4 juin à l’Institut du Monde Arabe).