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Très Honoré

On imaginer qu’Honoré allait virer romanesque avec Plaire, aimer et courir vite. C’était pour mieux revenir à lui-même.

- FRANçOIS GRELET

On y a cru cinq minutes. À cause du titre magnifique, d’un générique stylisé (des noms et des fonctions en blanc sur fond noir) et d’une intro mélo joliment sentimenta­le. Et puis on a compris… Les années 90, la chronique semi-autobiogra­phique, le SIDA. On voudrait pas comparer à 120 Battements par minute (trop tard…), mais quand même. L’année dernière, Campillo signait une tragédie enlaçant l’intime et le collectif dans des effets virtuoses, passait du moi au nous avec une pulsation de folie. Cette année, Honoré chausse ses lunettes de myope pour mieux se regarder, organise l’histoire d’amour entre deux facettes/fantasmes de lui-même (le wannabee cinéaste rennais et l’écrivain reconnu) transforma­nt sa chronique mélancoliq­ue en une branlette référentie­lle. Ça devrait être incandesce­nt, électrique, sous adrénaline. C’est sous tranxène et constammen­t dévitalisé. Son film est sans relief, strié par la lumière de quelques balises – cinéphiles (Truffaut), littéraire­s (les écrivains gays 90s Lagarce, Guibert), ou génération­nelles (Massive Attack) – dont le clignoteme­nt ne parvient jamais à cacher l’absence de cinéma (ces longs silences qui ponctuent les mots d’auteur XXL ou ce plan soap qui montre Deladoncha­mps renifler une rose). Il y a bien Lacoste dont la silhouette et la jeunesse font battre le film un peu plus vite ; Denis Podalydès rigolo dans le rôle du vieux ronchon. Et cette scène finale, qui reste un poil plus longtemps qu’on l’imaginait dans la tête. Pas plu. Pas aimé. Fuir vite.

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