Technikart - Technikart - SuperCannes

Voyage à deux

Où peut bien aller la tuture de Panahi, ce coup-ci ? À la rencontre du peuple et de son propre cinéma, quitte à tourner en rond entre les belles montagnes de Trois visages.

- YAL SADAT

Il faut être iranien pour dégainer ces images-là : le plan-séquence de trois minutes resserré sur la mine lourde d’une femme assise à bord D’UN 4X4 fiLANT DANS LA NUIT ; LA VUE depuis le même 4x4, de jour, sur des routes de montagne sinueuses RAPPELANT LE BON SOUVENIR DU Goût

de la cerise. Et puis les corps de la passagère (l’actrice Benhaz Jafari, as herself) et du chauffeur (Panahi, as himself) plantés dans ces grands espaces brûlés, sur les traces d’une ado supposémen­t suicidée, CAR SES PARENTS VEULENT LA PRIVER D’éTUDES ET LA RETENIR AU VILLAGE. IL Y aurait presque – PRESQUE – de la place pour la grande forme si Jafar n’était pas occupé ailleurs, c’est-àDIRE DANS LE fiLAGE D’UNE MéTAPHORE sur l’enfermemen­t et le désir de FUITE (LES SIENS, DONC). Trois visages est en somme un Taxi Téhéran en

version road- MOVIE PASTORAL ET barré, puisque nos héros croisent UNE KYRIELLE DE MONTAGNARD­S AHURIS qui demandent au cinéaste de changer leurs gosses en stars et ne pigent rien à son dessein d’artiste ENCAGé. PAS DE GRANDE FORME MAIS une manière incongrue de rire de sa propre condition, qui empêche LE VOYAGE DE VIRER TOUT À FAIT À L’EGO-TRIP THéORIQUE. CE QUI EST déjà bien, même si on sourit moins de l’autoportra­it amusé que de la compil’ de poncifs méta-iraniens (la bagnole, la société, la grosse allégorie) que Panahi trimballe sur LA PLAGE ARRIèRE.

 ??  ?? SÉLECTION OFFICIELLE
SÉLECTION OFFICIELLE

Newspapers in French

Newspapers from France