Technikart - Technikart - SuperCannes

ce que le festival nous a appris le 13 mai

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5° Les festivalie­rs s’écrasent devant toute forme d’autorité (et comment les soumettre à la vôtre)

Dans les années 60, aux États-Unis, l’expérience de Milgram cherchait à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime ; le psychologu­e Stanley Milgram y analysait le processus de soumission du sujet en lui intimant des ordres contraires à sa bonne conscience. À Cannes, l’autorité légitime est le festival lui-même : son protocole, ses interdits, ses vigiles et ses palpations, tout ce barrage de barrages quotidien qui neutralise et rend docile. Une Milgram de la taille d’une ville. À la soirée ACID, on a joué les scientifiq­ues en se postant à l’entrée de la terrasse plage Gray d’Albion (en bas de la cordée de marches) pour asséner des ordres idiots aux convives sur un ton péremptoir­e – activité par ailleurs amusante si vous hébergez des fantasmes de domination de l’espèce. « Excusez-moi jeune homme, vous ne pouvez pas retourner dans la soirée avec votre boisson ». Il revenait des toilettes, mais a quand même rendu son verre. Lorsqu’on demande à une jeune fille d’éteindre son portable sous prétexte qu’il interfère avec la régie du DJ, elle n’hésite pas non plus, assorti d’un « Oh je vous prie de m’excuser » embarrassé. Le sujet a tendance à se placer de lui-même dans une position de redevabili­té. « Madame, s’il vous plaît, vous avez mal descendu ces marches. Je vais vous demander de remonter sur la Croisette, et de les redescendr­e à nouveau ». Etc, etc… Taux de réussite : 100%.

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