SONIA ROLLAND

Avant tout : Que fait Sonia Rolland à Cannes ? Sonia est venue nourrir son projet de long-métrage «Miss» produit par Dominique Farrugia mais aussi rejoindre les quinze autres auteures de «Noire n’est pas mon métier» et défendre la place des femmes noires dans le cinéma français. Quelle est la portée de la voix dans le métier d’actrice ?

La voix c’est la signature de l’acteur, elle est le véhicule des émotions partagées et vécues avec le spectateur. Être acteur c’est être le porte-voix des émotions, mais aussi l’expression d’une sensibilité commune.

Y a-t-il un art de la voix ?

Oui clairement, c’est tout le travail autour de la construction d’un outil qui doit être à l’échelle de notre art. J’avais, au début, tendance à avoir la voix trop haut, croyant me cacher derrière une voix qui n’était pas la mienne. J’ai depuis appris à exister dans un personnage avec la voix juste, celle d’une femme qui parle.

Pensez-vous qu’on puisse parler d’un art de l’intime ?

Oui bien sûr ! C’est un art de l’échange d’un être à un autre. Par exemple, dans le cadre de l’éducation, une femme aussi autoritaire que moi ne lève jamais la voix, comme beaucoup de mères africaines d’ailleurs, pour laisser l’intensité et le lien exprimer ce que j’ai à dire plutôt que la vacuité du cri.

Pouvez-vous nous parler des silences ?

Les silences sont absolument nécessaires, dans la mesure où ils s’opposent directement au bruit constant auquel nous sommes confrontés mais aussi car ils sont l’espace de l’écoute. On voit d’ailleurs tout de suite les acteurs qui savent remplir leurs silences par une écoute active.

La plus belle voix du cinéma français ?

Je dirais en premier Jeanne Moreau, mais aussi Claudia Cardinale, j’aime comme leurs voix sont enivrantes et comme leur parler s’y accorde. Deux femmes dont la voix est aussi juste que mémorable.