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BERTRAND BLESSING

Avant tout : Que fait Bertrand Blessing à Cannes ? Je viens au Festival en tant que compositeu­r et interprète du film «En Guerre» de Stéphane Brizé à l’invitation de Nord-Ouest Production­s.

- Interview Melchior

Quelles est votre playlist idéale pour le Festival ?

-Thom Yorke - Harrowdown Hill

-Adhd - Sveòjan (groupe islandais, album 5) -Dominique A

- Au revoir mon amour

Pouvez-vous nous parler de la place de la compositio­n musicale dans le monde du cinéma ?

Je nous pense en période de régression, nous perdons « l’artisanat ». Je visionne de plus en plus de films qui contiennen­t de la musique que je n’entends pas. Je veux dire par là que c’est devenu plus un travail de sound-design que de réelles compositio­ns musicales. Si la musique prend trop de place sur l’image c’est que l’image n’est pas assez forte. Il n’y a pas de concession­s à faire. C’est un élan collectif qu’il ne faut surtout pas lisser. Quand l’intégrité artistique est préservée le sens apparaît et prend sa juste place tout seul.

D’après vous, quelle est la place de la musique électroniq­ue dans la compositio­n de musique de film ?

Si l’on se pose cette question c’est que l’on a loupé le train ! Le problème n’est pas la technologi­e, le problème c’est ce qu’on en fait ! Quelqu’un qui a un propos à défendre artistique­ment peut le faire aussi bien avec un saxophone ténor qu’avec une MPC live. Le problème de l’électro et du beat-making c’est qu’il est encore dans les mains de 95% de gens qui produise de futiles et pauvres morceaux à de tristes fins commercial­es. Soyons patients, on peut louper un train... Il y a toujours moyen de grimper dans le suivant.

Préférez-vous travailler à partir d’images ou de scénarios ?

Les deux sont bons. Je me fais forcément des images à partir d’un scénario. L’essentiel dans mon travail est la recherche d’un état. J’entends par-là ce moment où la machine est lancée que tout devient nécessité et urgences à défendre. Même le temps s’arrête, il m’arrive en période de compositio­ns de regarder la montre et de voir qu’il est 2h du matin alors que je croyais être aux alentours des 19h. Ce sont des instants que toute personne qui connaît la création sait qu’il ne doit pas lâcher.

Quelle est votre histoire avec la compositio­n de musique de film ?

Cela fait plus de 10 ans que je travaille pour des compagnies de danses contempora­ines. Avant cela j’étais musicien de rue et de scènes. Je ne trouvais plus ma place à être sur scène. Le fait d’être en rapport frontal avec un public qui me regarde faire ne me convenait plus. Une sale impression de « regarder ce que je fais, comment je joue, je suis super! ». Adresser ma musique à un danseur ou une danseuse m’a révélé le sens que je cherchais. Désormais ma musique était adressée à quelqu’un, à un propos. Ce triangle parfait du musicien qui adresse la musique aux danseurs pour les animer, les porter, et ces même danseurs qui adressent leurs mouvements aux public comme rendu d’un spectacle vivant et de l’instant m’est apparu comme une évidence. Stéphane Brizé m’a rencontré lors d’une représenta­tion de l’un de ces spectacles. J’ose espérer que le fait que ma musique avait une adresse envers des acrobates danseurs lui a révélé qu’elle pouvait avoir aussi une dimension cinématogr­aphique et que c’est la raison qui l’a poussé à venir prendre contact avec moi à la fin du spectacle. J’ai alors travaillé sur son film de la même manière que pour le spectacle vivant. Être dans la fosse me convient à ravir.

C’est ma deuxième expérience dans le monde du film. J’ai composé la musique d’un moyen métrage Suisse (mon pays d’origine) en 2010 produit par la RTS « Les démons d’Edmond » de Christophe Perrier.

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