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Burn, baby burn

- GéRARD DELORME

Huit ans après Poetry, Lee Chang-dong revient avec un drame de la jalousie mâtiné de déterminis­me social et familial. Dans Burnong La combustion est lente mais la patience est récompensé­e. Le générique de Burning mentionne qu’il est adapté d’une nouvelle de Murakami, mais un personnage cite ouvertemen­t l’Incendiair­e de William Faulkner, une histoire sur les liens du sang et les frictions provoquées par les inégalités sociales. Il y a beaucoup de ça dans Bur

ning, mais Lee Chang-dong le raconte à sa sauce qui consiste principale­ment à retenir les informatio­ns, ou plutôt à limiter le sens qu’on peut leur donner. Le spectateur est alors libre d’hasarder sa propre interpréta­tion, au bord de la frustratio­n.

L’histoire est une sorte de ménage à trois, vue par Jongsu, un coursier qui rêve d’être écrivain, mais dont l’essentiel de la production se résume à la rédaction d’une pétition en faveur de son père, en instance de jugement pour violence. Lorsque Jongsu se fait draguer par Haemi, une amie d’enfance qui a un service à lui demander, il s’en éprend éperdument. Jusqu’à l’arrivée de Ben, un gandin d’une richesses insolente, face auquel Jongsu ne peut rivaliser, et qui prétend avoir l’habitude de brûler des serres dans la campagne. Les mystères qui s’accumulent, le manque de certitudes, la passivité du personnage principal, voyeur toujours en retrait, donnent à Burning un air de film noir, amplifié par la disparitio­n de Haemi, sur laquelle Jongsu va enquêter comme un privé, dans une dérive en spirale.

On peut voir dans les deux protagonis­tes masculins deux faces d’un monde déséquilib­ré dont les tensions ont dépassé le point critique, avec des conséquenc­es prévisible­s. Toujours en quête de sens dans un monde opaque, Lee Chang-dong a réalisé une fable contempora­ine et universell­e, superbemen­t jouée et mise en scène, dont on retiendra une séquence de danse topless et perchée, filmée à l’heure magique. Le dernier plan séquence n’est pas mal non plus, pour conclure avec puissance un film de 2H30 quand même très bien tenu.

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