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JEAN-BENOÎT DENKEL

- Interview Melchior

Avant tout : Que fait Jean-Benoît Denkel à Cannes ? Je donne un concert le 17 Mai. Je vais jouer des titres de mon dernier album H+ sorti en Mars. Je compte aussi rencontrer des réalisateu­rs afin de poursuivre mes créations de musique de film. Mais encore et peut-être surtout, boire du champagne avec des amis.

Quelle est votre playlist idéale pour le Festival ? “Le Sud” de Nino Ferrer.

La B.O de Blade Runner faite par Hans Zimmer.

Celle de Cliff Martinez pour Solaris .

Vous êtes devenu une icône à travers votre parcours dans l’électro, comment arriver vous à exprimer cette “french touch” dans vos musiques de film ?

La French touch est le dernier mouvement musical. Je me suis fait connaître à travers cette fenêtre mais le monde et mon monde ont bien changé.

Air était plus acoustique qu›electro. C›est l›écriture de la musique qui permettait l›emploi de synthes et autres machines au même titre que des orchestres ou des vraies batteries. Je n›ai jamais utilisé de sons softwares mais hardwares.

Je n›essaye pas d›exprimer cette French touch car je ne maitrise pas ce que je suis et ce que je fais. Je fais des offrandes sonores aux Dieux musicaux. Il faut le voir comme ça. Et des gens commentent et donnent des noms de ce qui sort de cette activité.

D’après vous, quelle est la place de la musique électroniq­ue dans le cinéma ?

La musique électroniq­ue c’est à dire la musique élaborée à l’aide de logiciels ou d’instrument­s synthétisa­nt les sons au lieu de ceux capturés de manière acoustique s’impose dans tous les domaines musicaux. Dans Blade Runner ou Dunkerque il y a de l’orchestre avec du synthé modulaire et ainsi la musique de film a elle aussi muté avec l’emploi des synthés. C’est un nouveau son. Les gens s’habituent aux sons dits électroniq­ues dans les films. Il y a une nouvelle expressivi­té de la musique grâce aux synthés .

Quelle est votre histoire avec la compositio­n de musique de film ?

Virgin suicide de Sofia Coppola puis tout s’est enchaîné avec Air puis en solo. Pioneer, Le voyage dans la Lune puis Summer, Swagger, K.O... J’ai toujours su qu’elle me rattrapera­it.

Mais ce monde me fait un peu peur tant il dépend du commerce des films. Le problème majeur étant que les décideurs n’ont pas toujours le meilleur goût. Il faut s’y faire. Je crois que je commence seulement à savoir ce qu’est vraiment la musique de film après tout ce temps passé en studio. C’est un sens musical particulie­r qu’on peut exercer avec brio et qui nécessite des aptitudes particuliè­res. Au Conservato­ire, ils la nomment « musique légère » et je pense qu’il ne faut pas oublier qu’elle flatte l’image, que l’image est son compagnon.

Préférez-vous travailler à partir d’images ou de scénarios ?

D’images. Le cas idéal étant la possibilit­é de travailler sur un montage presque fini. Je suis très spontané.

Quel effet cela fait-il de voir sa compositio­n incarnée dans un film ?

A chaque fois l’impression est différente. On sent ce qui marche a l’image et ce qu’on aurait pu améliorer. Parfois je ne la reconnais plus, je ne vois que le film. Je trouve souvent que la musique n’est pas assez forte en volume dans le mix.

Une actu ?

Le Capital du 21ème siècle tiré du best seller de Thomas Pikety à propos de l’économie mondiale. Très intéressan­t. On y découvre les grandes étapes de la constructi­on de notre monde. Il y a la guerre, le futur, les dictateurs, les corporatio­ns ... On comprend tout car l’économie nous y est clairement expliquée. Ma musique est parfois grondante et menaçante mais aussi large et planante. J’ai le sentiment d avoir utilisé toutes les palettes de sentiments a ma dispositio­n.

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