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« JE SUIS QUELQU’UN DE TRÈS PRATIQUE »

L’EFFEUILLEU­SE LA PLUS CÉLÈBRE DU MONDE LIBRE SORT UN EXCELLENT PREMIER ALBUM COMPOSÉ PAR NOTRE SÉBASTIEN TELLIER NATIONAL. RENCONTRE AVEC UNE FEMME FATALE SOMME TOUTE… DES PLUS NORMALES.

- Dita Von Teese (Record Makers) ENTRETIEN LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD & LAURENCE RÉMILA

Quand on s’apprête à rencontrer l’ancienne épouse de Marilyn Manson et la star mondiale du burlesque, on est dans ses petits souliers. Encore plus quand le rendezvous a lieu à la Maison Souquet, somptueux hôtel récemment décoré par Jacques Garcia, et sis à deux foulées du Moulin Rouge. Dans le salon tamisé et cramoisi où on attend madame, tout date d’avant 1900. Va-t-on croiser ToulouseLa­utrec ? Dita aura-t-elle l’aura d’une cocotte de la Belle Époque ? On révise nos questions les mains moites. En entrant dans la pièce, Miss Von Teese met tout le monde à l’aise. Si son maquillage nécessite sans doute un peu plus de temps que la moyenne, elle s’avère affable et simple – l’inverse de nos chanteuses parisienne­s qui se prennent pour Cléopâtre. Le fait qu’on ait sincèremen­t aimé son album aide à délier les langues. Malgré son fond de teint impeccable, Dita parle sans fard. Une copine, ou quasi. S’ensuit une conversati­on décontract­ée avec une jeune fille comme vous et moi.

Hello Dita, vous sortez un album composé et produit par Sébastien Tellier. Vous connaissie­z bien sa musique avant de bosser avec lui ?

Dita Von Teese : Oui, je l’ai découvert ici à Paris, en 2005 ou 2006. Je sortais alors avec un acteur français, Jérémie Elkaïm, vous le connaissez ?

Pas personnell­ement, mais oui.

Jérémie m’avait fait découvrir « La Ritournell­e » et les premiers albums de Sébastien. J’ai adoré. J’écoutais souvent sa musique et, quand j’ai fait mon show au Crazy Horse, je l’ai invité. On s’est croisés brièvement après le show et j’en étais restée là – jusqu’à ce que son label me contacte pour me dire qu’il m’avait écrit un album. Quelle idée saugrenue !

Ce n’est donc pas vous qui aviez fixé le cadre de votre collaborat­ion ?

Non. J’ai commencé par dire à Sébastien que je n’étais pas une chanteuse. N’étant pas du genre frileux, il m’a dit que ce n’était pas grave du tout et m’a envoyé des démos de chansons, certaines où il chantait. D’autres, il me les présentait le jour de l’enregistre­ment, soit à son studio parisien, soit à Los Angeles.

La dernière fois que nous nous sommes vus avec Sébastien, au printemps dernier, il nous a parlé de cet album en disant

qu’il s’agissait de « pearly seashell music » (« musique de coquillage nacré »). C’est vous qui avez inventé ce nouveau style de pop ?

(Rires) Mon Dieu ! Je pense que ce cher Sébastien est complèteme­nt fasciné par LA, la plage et tout ça – ça vient plutôt de là, de ce fantasme à lui…

Pour cet album, son épouse

Amandine écrit avec lui. Une première.

Je pense que certaines des choses qu’elle a écrites sont vraiment sexy ! Je me souviens d’avoir insisté pour savoir qui avait écrit quoi, mais ils laissaient planer un mystère là-dessus. Il fallait deviner.

L’album nous a fait penser à Guilty de Barbra Streisand et Barry Gibb des Bee Gees, sorti en 1980. Vous connaissez ce plaisir coupable ?

Of course ! J’aime beaucoup, ce n’est pas coupable du tout. On y a pensé avec Sébastien, notamment pour la pochette de l’album.

Sébastien semble très à l’aise sur la photo, avec sa chemise satinée ouverte sur son torse velu. Vous lui avez donné des conseils de mode ?

Non, il s’habille déjà parfaiteme­nt bien. Il n’a pas besoin de ça, voyons !

Pas d’interventi­onnisme, donc. Il paraît que vous n’aimez pas que les stylistes et leurs coiffeurs touchent à vos cheveux. Vous avez peur de ne pas être reconnue sans cette coupe unique, très Hollywood années 40 ?

Ce n’est pas seulement ça. Un jour, je suis venue participer à un défilé de mode, ici à Paris. Ils avaient dépensé tout cet argent pour me faire venir mais ils m’ont coiffée et maquillée exactement comme tous les autres modèles. Personne ne pouvait me reconnaîtr­e. Quel gâchis ! Même le lendemain, dans les magazines, on ne savait plus trop laquelle j’étais, c’était un peu bizarre psychologi­quement… Mais pour répondre à votre question : je me coiffe moimême et je ne connais qu’une poignée de coupes « Dita ». Donc si vous voulez que je me coiffe différemme­nt, venez avec une coiffeuse !

C’est noté. Vous chantez en français sur trois chansons de l’album. Vous avez pris des cours ?

Je parle un tout petit peu le français (en

français). Si j’avais pu faire tout l’album en français, je l’aurais fait. Hier soir, je disais à un chauffeur de taxi qu’en français, j’ai le niveau d’un enfant de 5 ans. Il m’a répondu que son enfant de 5 ans parle bien mieux que moi !

Les chauffeurs de taxi ne respectent plus personne. Deux questions rapides pour finir : vous avez des concerts prévus ?

C’est une question qui s’est vraiment posée… Mais même s’il m’est déjà arrivé de chanter en live, je me vois mal donner un concert pyrotechni­que comme ceux de Britney Spears à Las Vegas !

Britney danse énormément, certes – mais chante en playback. Elle ne dupe personne, si ?

Même les plus grands chanteurs ne chantent pas tout au long d’un concert, vous savez, peu importe la voix qu’ils ont… La question n’est pas là. Une chose à laquelle j’ai pensé, avec mon côté un peu « control-freak », c’est que je pourrais créer des scènes, des looks, faire un show hybride de tout ce que je fais dans le burlesque, un mélange…

Tout faire par soi-même, comme vous, c’est la première règle du savoir-vivre ?

Ça vient d’une volonté que j’ai eue à mes débuts de faire quelque chose de particulie­r, qui n’était pas du tout populaire à l’époque… Et ça vient aussi d’une volonté d’écrire ma propre histoire. La seule manière d’y parvenir est de m’inventer moi-même, de décider pour ci ou ça. Sinon, à quoi bon ?

« TELLIER N’A PAS BESOIN DE MES CONSEILS VESTIMENTA­IRES. »

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PHOTOS THOMAS LAISNÉ
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