Technikart

« NON MAIS IL VA ME LAISSER PARLER OUI ! »

-

Non ! En vingt-cinq ans, je n’ai jamais raté une représenta­tion ou une obligation profession­nelle.

Y.C. : Mais quand on est artiste, ça arrive d’avoir des mauvais jours, de ne pas s’être remis d’une cuite la veille…

(Il insiste.) Ce n’était pas le cas mon cher… Je suis confus alors…

Y.C. : Il y a quelques années, j’étais dans un restaurant du Cap Ferret et tu te prenais la tête avec le staff pour une histoire de réservatio­n de table.

Je vais en prendre plein la gueule ! Mais vous êtes sûr que vous parlez de la même personne ? C’est tellement pas moi ça.

Y.C. : Je me suis dit qu’ils avaient dû faire un truc...

Non mais il va me laisser parler oui ! C’est pas vrai ! Je suis en dehors du cliché du mec connu. Je ne bois pas, ne me drogue pas, je ne fais pas de caprice ni de colère, je ne tape pas du poing sur la table pour dire « je veux ci, je veux ça », donc là, vous m’avez donné deux exemples qui ne me ressemblen­t pas…

Y.C. : Ça arrive à tout le monde...

C’est bizarre. Je ne sais pas quoi te dire.

L.R. : Bien. Tu sors un nouvel album de jazz crooner ces jours-ci.

Tout à fait. C’est le troisième.

L.R. : D’ailleurs sur le premier, il y avait un morceau dont la musique était de Henri Salvador.

Oui, j’ai écrit les paroles et lui la mélodie.

L.R. : Comme on entend toujours des histoires épouvantab­les à son sujet (y compris dans les pages de ce magazine, où Boulay le traitait de « con »), on aimerait savoir : as-tu quelque chose de gentil à dire sur Henri Salvador ?

Y.C. : Ou quelque chose tout court...

L.R. (à Y.C.) : Yan, je pose mes questions et tu poseras les tiennes.

Vous faites un duo en fait ? Dans combien de temps vous jouez au Point-Virgule ? Le principe c’est toi qui commences à parler et lui qui dit

« non ! ». (Rires.) Les gars, j’ai vraiment envie de fumer une cigarette...

Y.C. : Eh bien je vais aller te trouver des cigarettes.

C’est vrai ? Enfin un truc gentil, merci !… Je sais que beaucoup de gens ont des griefs contre Henri Salvador et, comme tout le monde, j’ai appris des choses sur lui. Mais il m’est arrivé de faire un concert, c’était au Petit Journal, et il s’est quand même déplacé pour me voir. J’ai chanté devant lui « Syracuse ». J’étais complèteme­nt flippé. Salvador, le créateur de la bossa ! Qu’est-ce qu’il va me dire ? Il a été adorable et m’a donné des conseils : susurrer les choses, m’approcher du micro, faire comme si je parlais à l’oreille d’une femme. Il a été assez bienveilla­nt avec moi. Il a pu être un sale type certaines fois, on me l’a rapporté, mais je ne l’ai jamais vu.

L.R. : On est ravi d’apprendre qu’il avait des côtés sympathiqu­es.

Il m’aimait bien. Il est venu me voir jouer à l’Olympia, aussi. Pour un comique comme moi, les références c’est Bourvil, Fernandel et aussi Henri Salvador. Il était marrant, il faisait des émissions drôles à la télé, des sketches sur scène… Mais lui-même m’avait dit après la représenta­tion à l’Olympia « mon pote, tu devrais faire les deux, chanter et faire de l’humour ». J’ai essayé mais ça n’a pas marché parce que tu prends les gens en otage.

L.R. : Il y a de bons contre-exemples pourtant : sur scène, Dean Martin casait des gags entre les chansons.

Tu sais, j’ai un univers un peu trop noir...

Dans mon dernier spectacle, je fais un pédophile, un djihadiste, un mec du Front national, c’est hyper saignant... Mon pédophile raconte : « là je reviens de Thaïlande, j’ai pas trop visité la région, c’est plutôt les rapports humains qui m’intéressen­t

». Je ne me vois pas faire ça et deux secondes plus tard, chantonner « Ce soir, je voulais t’écrire... »

(Rires).

L.R. : Là, tu sors ton album jazzy, mais aussi un livre sur ton autre grande passion, le jardinage.

Oui, ça date de quand j’ai acheté ma baraque en région parisienne il y a quinze ans. J’ai toujours été fasciné par la beauté des plantes. En plus, le jardinage, je considère que c’est un travail d’artiste. Dans mon jardin, c’est comme si c’était une feuille blanche, et j’organise mon truc, je déplante, je mets mes ruches ici, des hortensias là... je suis assez calé maintenant.

L.R. : J’ai un petit problème d’hortensia en ce moment (notre rédacteur en chef en fait des tonnes depuis qu’il a son propre jardin, ndlr).

Ah ? Tu n’as pas dû le mettre à l’ombre.

L.R. : Si si, il est à l’ombre du cerisier.

T’as pas dû mettre de terre de bruyère.

L.R. : Non, je n’en ai pas mis.

Erreur. (Rires). Et il faut que tu l’arroses bien. Bon, on peut parler de l’album maintenant ?

 ??  ?? Pelouse interdite (éditions Ulmer, 192 pages, 19,90 €) Des Paroles en l’air (Naïve Jazz)
Pelouse interdite (éditions Ulmer, 192 pages, 19,90 €) Des Paroles en l’air (Naïve Jazz)

Newspapers in French

Newspapers from France