«I’M BLACK AND I’M PROUD (ENFIN PRESQUE)»
ENVIE DE VOUS IDENTIFIER AU SEXE OPPOSÉ ? PAS DE PROBLÈME ! MAIS À UNE COULEUR DE PEAU QUI N’EST PAS LA VÔTRE ? ATTENTION LES DÉBATS…
En 2015 éclatait l’affaire Rachel Dolezal. D’ascendance européenne, cette Américaine grandit avec son frère biologique (le chouchou de la famille) et ses deux parents qui adoptent (et maltraitent) des enfants noirs durant toute leur enfance. Rachel prend fait et cause pour ses très jeunes frères et soeurs : elle se documente sur la culture noire et en devient même une experte.
À la vingtaine, elle se définit comme mixed et fait évoluer son look, notamment coiffures et maquillage. Une apparence trompeuse qui a sûrement contribué à perturber davantage ses futurs haters. Elle opère donc un transfert singulier en quittant un groupe de population majoritaire dans le pays pour aller vers un groupe minoritaire. Elle met de côté son identité biologique, et se concentre sur son identité réellement vécue. N’est ce pas là l’essence du mouvement trans ?
L’ex-étudiante de l’université Howardl’université noire-américaine par excellenceprésente même un ami noir âgé, comme étant son père. En 2014, elle prend la tête de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) dans une ville de l’État de Washington. L’activiste, également prof d’études africaines à l’université Eastern Washington, organise des marches pour lutter contre les violences policières, dénonce le KKK, etc. Bref, elle est très impliquée… jusqu’à ce qu’éclate la si subjective vérité : Rachel Dolezal n’est pas noire.
Incertaine, voire désormais floue, l’identité sexuelle relève d’un sentiment éminemment personnel. Pourquoi n’en serait-il pas de même de l’identité raciale ? Aux États-Unis, la question raciale domine tout. On se définit, de façon primaire, selon son origine ethnique. Tant que Rachel Dolezal était une efficace militante des droits civiques, elle était encensée. Mais dès que l’origine de ses parents a été connue, le déjà très galvaudé concept « d’appropriation culturelle » a été invoqué. Cette femme est pourtant liée viscéralement à la culture noire : deux de ses enfants, son ex-mari et certains de ses frères et soeur sont noirs…
Rihanna, a estimé que son action contribuait à éveiller les consciences et assure la voir « un peu comme une héroïne. » Dans le documentaire Netflix dressant son portrait, un pasteur noir dit à ses fidèles « vous lui en voulez parce qu’elle lutte contre ce qui vous attire » (sous-entendu : les crèmes blanchissantes, les cheveux défrisés…). Elle devient l’antithèse des « whitewashed ». En fait, on ne sait pas trop quel est l’objet de la haine de ses détracteurs : ils la détestent car elle n’a avoué que tardivement et maladroitement avoir des parents blancs ou ils la jalousent car elle était reconnue dans son travail grâce à sa condition noire. Si c’était le premier choix, la tempête médiatique aurait dû stopper sitôt fait l’aveu de sa réelle ascendance. Or, elle n’a cessé de s’amplifier. Très hypocritement, ce sont les mêmes qui prétendent vouloir faire tomber les barrières sociales qui ont reproché violemment et même vulgairement à Rachel Dolezal son « travestissement » et son « imposture ». Certes, sa conduite a été un peu hasardeuse mais dénuée d’intention maligne. En s’acharnant contre elle, ses détracteurs perpétuent les vieux mécanismes archaïques du racisme. Le pire est que ces grands justiciers sont persuadés du contraire…