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« T’AS ÉROTISÉ LA DROGUE »

LA SCHNOUF EST-ELLE SOLUBLE DANS LE COÏT ? NOTRE CHRONIQUEU­SE PENSE AVOIR LA RÉPONSE...

- ROSANNA LERNER

Il y a tout juste un an, je faisais du sexe avec un type. Il buvait comme une éponge et quand il était trop saoul pour ingérer un coup de plus, il me notifiait de son départ de soirée pour rejoindre son lit. Lit dans lequel j’allais finir. Moi, je buvais aussi – mais je m’ennuyais quand même énormément, alors je prenais de la drogue. De la coke parce que contrairem­ent à la MDMA ou l’ecstasy, ça ne rendait pas mes propos trop sibyllins ou mes intentions trop éloignées de ce qu’elles étaient IRL…

C’était devenu une habitude un peu honteuse, mais j’en commandais chaque week-end. Et j’en avais évidemment sur moi un soir où ledit mec m’avait signifié son envie de pilonner quelque chose, n’importe quoi… moi, par exemple. J’étais à mon pic d’excitation quand j’ai pris connaissan­ce de son message. Ma réponse ? « J’arrive. »

On s’est rejoint, pas du tout sur la même longueur d’onde. Comme je voyais l’animal flancher, j’ai voulu le ranimer. Le stimuler en branchant Françoise Hardy sur des enceintes et en lui proposant de se faire une trace sur mon cul, c’était ma vision.

Ça l’a fait marrer, mais m’a fait savoir que j’avais affaire à une vierge. Il n’en avait jamais pris. Alors je me suis ravisée, pensant que je préférais baiser plutôt que d’assister à une révélation hystérique (au mieux) ou à un bad trip (au pire). Il n’a pas insisté et ce qui devait avoir lieu eut lieu.

BESTIOLE DÉCHAÎNÉE

Il y a quelques jours, j’ai croisé ce type dans un bar. Ivre mort comme d’habitude mais quelque chose avait changé, dans son regard notamment. Il avait les yeux rouges mais grands ouverts qui regardaien­t fixement, nerveuseme­nt, sa voix allait avec conviction dans les aigus et ses cheveux partaient dans tous les sens. Aussi, il m’a vigoureuse­ment attrapé les fesses pour me dire bonjour. Geste qui trompait ses bonnes manières, même quand l’alcool le gagnait. Il était cuit.

On a fini dans les chiottes à taper dans sa consommati­on personnell­e et à se rouler des pelles pleines de langues. Et puis, comme deux caricature­s nomades, on a passé la nuit à vider notre sac à propos de tous les sujets typiques à la con : « je te jure que je suis pas quelqu’un de bien », « ma soeur est hyper attirante, quand même », « je suis sûr qu’en fait, l’échec a aucune vertu » et autres revendicat­ions substantie­lles, pour en venir au fait que j’étais la raison pour laquelle il avait sauté le pas. « T’as érotisé la drogue » m’a-t-il jeté au nez alors qu’il ravitailla­it le sien toutes les cinq minutes, soit trois fois plus souvent que moi.

J’ai été traversée par le doute – on flatte avec ce qu’on peut – mais pas par une once de culpabilit­é. C’était son problème désormais et si ça n’avait pas été moi, ç’aurait été quelqu’un d’autre. Plusieurs d’entre nous ont besoin de luxure pour décliquer vers la dépravatio­n.

On a fini à une soirée où, dans une chambre, il m’a sauté dessus en me bouffant mécaniquem­ent la chatte, sans s’arrêter de s’immobilise­r. C’était affolant. J’avais en face de moi une bestiole déchaînée par tout ce qu’avait absorbé son cerveau et je désespérai­s une fois de plus que chaque soirée sponsorisé­e par la coke finisse irrémédiab­lement de manière épouvantab­le. J’ai dû me débattre et articuler « tu me fais peur » pour qu’il ressuscite et me laisse enfin quitter cet espace sordide.

Il était huit heures du matin et dehors, malgré la fraîcheur salubre et parfumée de la fin d’été, l’idée d’avoir pu donner du sex-appeal à une poudre minable coupée au verre et à l’aspirine me délectait et m’en voyait bouffie d’orgueil.

«BRANCHER FRANÇOISE HARDY SUR DES ENCEINTES EN LUI PROPOSANT DE SE FAIRE UNE TRACE SUR MON CUL.»

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