LES POLAROÏDS
ERIC NEUHOFF
TES ÉTATS D’ÂME, ÉRIC.
On sait ce que pensent de Neuhoff les lecteurs les plus intégristes des éditions de Minuit : pas du bien. Pour ces neurasthéniques, le goût du bon mot fait forcément de vous un infréquentable Bidochon. On leur laissera leurs antidépresseurs et leur intégrale de Marguerite Duras – adieu ! Et on retournera avec plaisir (même pas coupable) à nos livres de Neuhoff. Car qui a déjà lu Comme hier, Pension alimentaire, Champagne ! ou Les insoumis, sait comme il est fortiche dans la forme brève.
Les dix-sept nouvelles rassemblées dans
Les Polaroïds ont été écrites entre 1979 et 2017. Force est de reconnaître qu'elles sont d'une épatante cohérence stylistique. En 1979, Neuhoff avait 23 ans, et le jeune homme qu'il était alors avait déjà trouvé son ton, laconique, nostalgique et pince-sans-rire. Les thèmes eux non-plus n'ont pas varié : le cinéma, les filles, l'art de vivre, le temps perdu, une certaine France bourgeoise d'antan… Denis Tillinac passe boire quelques verres dans la nouvelle « Ivres à Madère ». Tchin ! (Le Rocher, 171 p., 16 )