FIRST MAN DAMIEN CHAZELLE
(17 OCTOBRE 2018)
Biopic lunaire. On se souvient d’un couple assis devant un piano, qui chantonnait : « City of
stars, are you shining just for me ? ». Deux ans après Lalaland, le prodige Chazelle renoue avec un autre rêve américain : celui de la conquête des galaxies. Astronaute emblématique du 20ème siècle, on aura retenu pourtant qu’une image de Neil Armstrong : celle d’un homme, qui, protégé par une imposante combinaison de cosmonaute, marche sur la Lune. Chazelle cherche ici à ôter le masque de l’explorateur pour mieux décrire la personne qui s’y cache.
Si le geste parait louable, le résultat demeure peu probant : Ryan Gosling en père de famille meurtri semble par moments moins impassible que Buzz L’Éclair… En attendant le climax final promis – la conquête de la Lune – First Man se déroule comme un blockbuster intimiste mais consensuel, qui accrédite la théorie selon laquelle une vocation est toujours chevillée au corps : dans son lit comme en orbite, Armstrong garde la tête dans les nuages. De cette histoire qui s’évapore comme une bulle de savon, nous restent heureusement ces plans silencieux du cosmos dont la majestuosité rappelle 2001 : un reflet de Lune sur un casque, un bijou lancé dans un cratère… Et, bien évidemment, la virtuosité de la mise en scène de cette partie fait mieux passer la tiédeur des personnages ailleurs.