A VOTÉ !
Paris, le 24 avril 1988. Le jeune Olivier Malnuit, futur rédacteur en chef de ce magazine, vote au premier tour de la présidentielle. Son choix se porte sur Pierre Juquin, un exclu du PCF soutenu par des militants de SOS Racisme, par la Ligue communiste révolutionnaire et plein d’autres doux rêveurs aux sigles trop longs pour les caser ici. Il attire 2,1% des suffrages. Le candidat Malnuit ne remettra plus jamais ça. C’était son premier et dernier vote.
Londres, le 1er mai 1997. J’y retourne (j’ai la double nationalité franco-britannique) pour voter dans la « general election ». Indigné (je suis jeune et un peu con) par les 18 années passées au pouvoir du Parti conservateur de Thatcher, je vote travailliste. C’est le triomphe de Tony Blair. En 2003, en voyant les corps des soldats britanniques ramenés en Angleterre en 2003, because la guerre en Irak, because cette décision d’y participer prise seule par le Premier ministre Blair, je chiale. Premier et dernier vote.
2002. À l’époque lecteur admiratif de ce magazine, je suis étonné de le voir accorder autant d’importance à la candidature Chevènement. Après s’être passionnée pour les manifs altermondialos et son combat contre la multinationale Danone (suite à la fermeture de l’usine LU à Calais), la rédaction a dû trouver cette présidentielle Chirac-Jos- pin bien fade.
2007. Sarko-Ségo. Technikart sort une couve « Putain, mais pour qui on va voter ? » . Autant dire que le mag’ est dans les choux.
2011. Hollande n’a pas encore remporté la primaire que nous titrons « Ce mec est-il vraiment normal ? » Les sympathisants PS auraient mieux fait de nous lire.
Avril 2017, notre numéro « Le Big Bang français ». Nous écrivons que la candidature Macron permet « aux nombreux bobos “de sensibilité de gauche”, d’enfin voter pour un programme libéral, proche de celui de Fillon, sans avoir à se pincer le nez » . (Oui, c’est fatigant de toujours avoir raison avant les autres.)
Novembre 2018. Nos amis, piochant leurs idées à droite (voire très à droite), se transforment en « facho-bohèmes ». La gauche est aux abonnés absents. Et les confrères ressemblent terriblement à Radio Paris (mais sans les Allemands). Vivement 2022...
Bonne lecture, On se retrouve dans un mois, Laurence Rémila laurenceremila@technikart.com