« LA BÊTE MÉDIATIQUE SE NOURRIT D’EUX »
RÉDACTEUR EN CHEF DU SERVICE POLITIQUE DE PARIS MATCH, BRUNO JEUDY CROISE
LES « FACHO-BOHÈMES » À LONGUEUR D’ÉMISSIONS. DÉCRYPTAGE.
En ce moment, les médias raffolent d’une nouvelle génération de « facho-bohèmes ». Pourquoi ?
Bruno Jeudy : C'est lié à un débat intellectuel qui s'est sans doute beaucoup vivifié. Il s'est ouvert à droite au moment où il s'est éteint à gauche. Le débat à droite s'était relancé avec la montée en puissance de Nicolas Sarkozy au début des années 2000, puis avec les questions identitaires et la Manif pour tous, alors qu'à gauche, ils se sont consumés dans une sorte de politiquement correct, et ankylosés avec les années pouvoir, jusqu'à disparaître sans s'en rendre compte.
Du coup, pas un plateau télé sans son « infréquentable fréquentable ».
Oui, il sont d'abord révélés par les réseaux sociaux pour ensuite devenir des habitués de plateaux. Aujourd'hui, les chaînes d'info en continu ont beaucoup plus de mal à trouver des journalistes à gauche de la gauche qu'à l'ultradroite. Aujourd'hui, ce sont clairement ces derniers qui dominent le débat.
Cette domination culturelle aura-t-elle un impact sur les élections à venir ?
La question est de savoir si nous avons là l'avant-garde de l'arrivée au pouvoir d'une Le Pen, ou pas. D'ailleurs, quand on étudie les sondages, on voit bien que les jeunes ont voté majoritairement FN en 2017.
Et en 2022 ?
Si on prend au pied de la lettre la notion de « facho-bohèmes », on peut se dire qu'ils fabriquent surtout du débat. Des débats assez lointains des citoyens, mais souvent nécessaires.
L’avenir leur appartient ?
Sans doute, dans le sens où l'information en boucle et les réseaux sociaux se nourrissent des controverses qu'ils apportent. La bête médiatique se nourrit d'eux. Ils ont donc de beau jours devant eux…
Entretien J.-B.D.