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« PLUS PERSONNE MENACE NE CROIT À LA DE L’ULTR ADROITE. »

ÉGÉRIE DE LA GÉNÉRATION IDENTITAIR­E, CETTE JOURNALIST­E TRENTENAIR­E COURT LES PLATEAUX TÉLÉ ET LES RÉDACTIONS (ELLE OFFICIE À VALEURS ACTUELLES). RENCONTRE.

- ENTRETIEN JACQUES TIBERI

On vous présente comme la nouvelle figure de la droite réac’. C’est un statut que vous revendique­z ? Charlotte d’Ornellas :

On me colle tellement d’étiquettes sur le dos : « identitair­e », « réactionna­ire », « conservatr­ice ». Si la défense de l’identité, la volonté de prendre ce qu’il y a de mieux dans les traditions et de civiliser la modernité, c’est être conservatr­ice ou réactionna­ire, eh bien j’assume ! Mais j’espère être moins prévisible que ça, être plus étonnante qu’une « réactionna­ire ».

« Étonnante » ?

Oui, j’espère être libre. Ce qui me différenci­e de mon époque, c’est ma définition de la liberté : je la considère comme celle de choisir ce qui est bon, et pas simplement de « faire ce qu’on veut ».

« Il est interdit d’interdire », c’est pas votre truc...

Ça ne l’a jamais été ! Et c’est de moins en moins celui de l’époque. D’ailleurs ceux qui ont inventé le slogan « il est interdit d’interdire » sont en train de revenir à une sorte de puritanism­e un peu absurde sur bien des sujets.

Le soixante-huitard bobo aurait viré réac’ lui aussi ?

C’était déjà en germe dans le slogan même. « Interdit d’interdire », ça veut dire qu’on refuse d’imposer des normes à la société. Sauf qu’on a tous tendance à vouloir imposer notre mode de vie aux autres... : on le voit aujourd’hui avec les Vegans notamment.

Autrement dit, vous ne croyez pas au multicultu­ralisme. D’après-vous, on finit toujours par se rapprocher de ceux qui pensent et vivent comme nous ?

Oui, il n’y a plus de « vivre ensemble ». Nous sommes entrés dans une ère de relativism­e, où chacun vit comme il veut, dans son coin. On s’est mis à vivre différemme­nt les uns des autres. Jusqu’à ce que les bobos, comme les autres, aient envie que leurs enfants leur ressemblen­t, que leurs amis leur ressemblen­t. C’est naturel. Petit à petit on a reconstitu­é des petites sociétés où tout le monde est pareil. Et maintenant on se retrouve avec de nouveaux ghettos économique­s, culturels, religieux… On a tenté de créer un vivre ensemble artificiel, fondé sur les valeurs de la République. Sauf que les valeurs de la République, quand on veut choisir une bonne école pour ses enfants, ça devient très abstrait...

Comment expliquez-vous cette « vague populiste » dont vous êtes une des figures de proue ?

L’actuelle « vague populiste » – comme on dit – est liée aux attentats et au mariage homosexuel. Face à cela, les Français ont exprimé une grande volonté d’encourager la vie. On veut préparer l’avenir avec ce que l’on est déjà, nous. C’est une sorte d’instinct de survie. Notamment chez notre génération, celle des années 70-80, qui avance avec une certaine sérénité de l’évidence.

Une « sérénité de l’évidence » ?

Oui. On fait tous le même constat de la fin du vivre ensemble, jusqu’à la tête de l’État ou même à France Inter. Moi, je suis l’enfant de mon époque. J’ai des amies qui ont avorté, les 3/4 de mes amis sont des enfants de divorcés. L’immigratio­n, la fin du vivre ensemble, on se l’est tous prise dans la gueule. Quand Gérard Collomb dit (en quittant la Place Bauveau en octobre 2018) « qu’aujourd’hui nous vivons côte à côte, je crains que demain nous vivions face à face »… on voit que le monde a quand-même bien évolué ! Quand je dis que la laïcité a été pensée pour la religion catholique et que la loi de 1905 n’a pas prévu les contrainte­s alimentair­es et vestimenta­ires de l’Islam ou du Judaïsme... ça sonne comme des évidences !

Mais en quoi ces évidences amènent-elles de la sérénité ?

En gros, plus personne ne croit à « la menace de l’ultra-droite ». En quoi les dix identitair­es qui déplient en banderole à la frontière italienne sont une menace ? Ils n’ont pas d’armes, et, si leur propos peut être violent, ils ne font peur à aucun Français aujourd’hui...

Et vous croyez qu’en 2022, on verra l’arrivée d’un Trump français à l’Elysée ?

Le Trump français on l’a déjà : c’est Macron. Macron il a ce côté « je parle comme vous, je dis les choses comme elles sont ». Il va aux Restos du coeur et dit (c’était en 2017) à une Marocaine qui demande l’asile : « Si vous n’êtes pas en danger, il faut retourner dans votre pays ». Mais son défaut, c’est que, derrière les mots, il n’y a aucune traduction politique. On est juste dans l’ère de la com’. Cette loi Asile et Immigratio­n par exemple, il n’y avait vraiment pas de quoi faire hurler tout le monde !

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