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« MON FILS M’APPELLE “PAPA-RAZZI”»

DA des derniers Johnny (tournées et disques), riff-man de FFF et auteur d’un décapant premier album solo à 50 ans*, Yarol Poupaud passe en revue les trophées de son autre passion : les vieux appareils argentique­s.

- Par Calvin Dionnet C.D. Photos Julien Juhérian

De son propre aveu le bondissant guitariste de FFF a grandi entouré de photos. Grâce à sa mère, l’attachée de presse devenue productric­e Chantal Poupaud, il grandit « dans le cinoche plus que dans la musique ». Et avoue : « si je n’avais pas fait de musique, j’aurais aimé être photograph­e ». Profondéme­nt ancré dans l’analogique, nous retrouvons Yarol dans cette élégante boutique du passage Jouffroy, Paris est une fête. Heureux d’échanger sur sa passion, il nous parle du grain des photos très contrastée­s du Néerlandai­s Ed van der Elsken, connu pour ses reportages sur la guerre du Vietnam, de la même manière qu’un riff de guitare : « Tout ça, c’est de la matière. Il s’agit à chaque fois de capter un instant fugace. L’enregistre­ment d’une chanson, c’est un peu comme une photo, il faut être ensemble au bon moment. Le That’s all right mama d’Elvis, c’est un instantané ». Point de vue qu’il partage avec Jack White, un autre musicien fervent défenseur de l’analogique qui vient de monter un studio photos dans son complexe de Nashville. D’un flot constant, il évoque les trois appareils avec lesquels il shoote régulièrem­ent, des vinyles qu’il achète, de la technologi­e des guitares électrique­s, traçant de nombreux parallèles entre les trois : « Après tout, un appareil photo de collection, c’est pas loin d’une belle guitare ». Le point commun entre les trois ? « Le retour à une certaine matérialit­é, avec le retour du vinyl d’un côté et l’ouverture de nouveaux lieux pour développer des photos qui n’existaient plus il y a de cela quelques années ». Il partage d’ailleurs cet engouement pour l’analogique avec sa femme, le mannequin Caroline de Maigret. « On a toute une collection de tirages, notamment une dizaine de photos de Dominique Tarlé (qui a suivi les Stones à l’époque de l’album Exile on main street) tirées à très peu d’exemplaire­s qu’elle avait achetée avant qu’on se rencontre ».

UN MATELAS POUR MONDINO

Tout au long de l’interview, il prend l’équipe du magazine en photo avec les différents appareils qu’il a ramenés. Même assis, après avoir joué la veille au Bus Palladium, il est encore hyperactif. « Je prends beaucoup de photos, trop parfois » explique-t-il. « J’ai rempli des disques durs entiers lors de mon dernier voyage. Du coup, je refais les choses à l’ancienne – l’analogique force à choisir. L’angle, la lumière, l’instant… » Raison pour laquelle il admire les photograph­es de concert sévissant « avant le numérique, époque où chaque photo devait être capturée en direct. Je crois aux incidents heureux ». Pour son premier album solo Yarol, le musicien a fait appel au cador de la pochette Jean-Baptiste Mondino. Les deux ont d’abord écouté l’album ensemble puis Mondino l’a étudié méthodique­ment avant de louer un matelas, de sélectionn­er le pull, l’angle de la chute, la lumière, la pose de son bras : « il a imaginé une photo en mouvement pour refléter l’énergie de l’album. Et avant même d’avoir appuyé sur le bouton, Mondino savait exactement ce qu’il voulait ».

Pour finir, Yarol sort d’un gros tote-bag plusieurs enveloppes de photos : de nombreux clichés montrant son jeune fils Anton se mêlent à celles prises lors d’un séjour dans la Monument Valley de l’Ouest américain, à d’autres d’une maison couverte de miroirs conçue par Doug Aitken dans la banlieue de Los Angeles, de caravanes dans le désert faisant penser au dernier film des frères Coen… « Mon fils m’appelle Papa-razzi » lâche-til en parlant de son « sujet numéro un ». Toujours dans un rire, il complète : « ma femme me l’a reprochée une fois ou deux. J’avais pris douze photos du môme mais pas une seule d’elle... ».

*Yarol vient de paraître chez Polydor.

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Merci à la galerie Paris est une photo (passage Jouffroy, Paris 9ème).

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