JESMYN WARD
LE CHANT DES REVENANTS
And the winners are...Au fond, qu’est-ce que ça signifie, gagner ? Dans le domaine littéraire, cela peut s’exprimer par une forme de reconnaissance, se traduisant par un grand prix. C’est ce qui unit les nouveaux romans de deux des meilleures plumes américaines, a priori opposées et qui ne mettent pas forcément en lumière, justement, des grands gagnants du continent. Jesmyn Ward peut se targuer d’avoir eu deux fois le National Book Award – en 2011 pour Bois sauvage et en 2017 pour Le Chant des revenants, enfin traduit. Elle explore ici plus d’un siècle d’Amérique, à travers une poignée de personnages, purs produits du Mississipi – noirs, pour la plupart – liés plus ou moins directement à l’histoire du pénitencier local. A la fois réaliste et onirique (on trouve des voix fantomatiques), cette fresque sur plusieurs générations impressionne par sa maestria narrative. N’oublions pas le lauréat du Pulitzer 2018, Andrew Sean Greer qui, dans Les Tribulations d’Arthur Mineur, montre un écrivain (presque) quinqua organisant un voyage autour du monde pour avoir un prétexte afin de ne pas se rendre au mariage de son ex-compagnon. C’est drôle, chic, théorique sans en avoir l’air.
(Belfond, 272 p., 21 € et Jacqueline Chambon, 256 p., 22 €)