COMMENT NE PAS TUER VOS VOISINS DE BUREAU
Chaque interruption en plein turbin vous coûte vingt minutes de concentration. Voici nos tips pour mieux travailler malgré la cacophonie stérile ambiante.
Dans les années à venir, votre capacité à vous concentrer sera votre valeur ajoutée au travail. Des études prouvent qu’on met entre 15 et 23 minutes à se reconcentrer après chaque interruption. Or en ce moment, votre capacité de « deep work », (travail profond, productif, théorisé par Cal Newport en opposition au travail superficiel), est mise à mal par Marc.
Marc vous déconcentre. Ce nouveau commercial fait trop de bruit, fragilise votre productivité, donc vos rapports avec votre boss, donc votre accès mensuel à une dose de cash nécessaire, donc votre survie. Vous devez agir !
Découper la tête de Marc et l’exhiber dans un carton pour calmer les ardeurs de tous vos collègues bruyants ? Soyez plus créatif ! Think outside the box !
Lorsque vous imaginez un Battle Royale : The Office Edition, Sophie serait votre cible privilégiée, avant Marc.
Sophie impose son rythme. Si elle prend sa pause thé (sans sucre), tout le monde doit s’arrêter et écouter ses dernières histoires. L’autre jour, elle a tenu à tous vous faire découvrir le remix de Khaled Freak « Qu’est-ce qui est jaune et qui attend ? » que ses fils lui ont envoyé…
Dans ce bureau, vous n’avancez plus, votre concentration est au plus bas, votre envie de crever des yeux à coups de Bic 4 couleurs au plus haut.
COMMUNICATION ASYNCHRONE
Mon conseil d’expert en productivité ? Ne visez pas Marc et Sophie, attaquez-vous plutôt aux vrais responsables de votre déconcentration.
Votre cible : les RH et le service achats, ceux qui organisent votre lieu de travail. Si votre boss lisait les résultats de l’étude parue dans la revue Philosophical Transactions of the Royal Society, il ordonnerait qu’on recloisonne illico tous les bureaux. L’essor de l’open-space dans les années 1950 partait certes d’un bon sentiment : « ensemble, tout devient possible », vive l’intelligence collective. L’open space était censé favoriser le travail en équipe et la communication : il n’en est rien.
L’analyse révèle qu’en bureaux ouverts, les interactions directes sont 73% moins courantes que dans des bureaux cloisonnés. En clair : à part Marc et Sophie qui n’ont pas compris la règle tacite, personne ne se parle vocalement en open space.
En revanche, la communication asynchrone (les courriels) explose (+67%), et l’usage de la messagerie instantanée augmente de 75% (plus pratique pour envoyer discrètement des smileys clin d’oeil à la stagiaire).
Parce que « l’Enfer, c’est les Autres », le CHSCT (Le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) de Tech’ a sélectionné pour vous quelques solutions plus ou moins esthétiques pour vous aider à reconquérir votre productivité.
Les écouteurs anti-bruit pour l’open-space Orosound, le réducteur sonore Silent Space, l’e-bulle Leet Design pour vous isoler : les start-ups françaises planchent sur ces solutions pour un redressement productif.
Ma solution préférée ? Prendre la fuite et opter pour le télétravail au moins trois jours par semaine.
Le café est meilleur chez moi et personne ne compte le nombre de pauses que je prends.
Je vous laisse, Sophie vient de m’envoyer la vidéo « Dans la tête des chats » de Norman… Dans le prochain numéro, ne manquez pas ses conseils pour enfin réussir à faire une to-do list réaliste !