« BON POUR LES AFFAIRES ! »
HÉLÈNE D, 48 ANS, DIRECTRICE GÉNÉRALE DANS UN GROUPE DE RESTAURATION, TÉMOIGNE DE LA CROISSANCE QU’A CONNU SA BOÎTE GRÂCE AUX HISTOIRES DE SON BOSS.
« Cela fait plus de 20 ans que j’organise les histoires d’amour de mon boss au boulot, pour la bonne marche de notre boite (je suis associée) mais aussi pour le bien-être de tous les collaborateurs. On ne s’en rend pas compte, mais il y a énormément de sentiments et d’affect dans les coucheries professionnelles. C’est justement pour cela que quelqu’un doit les gérer, pour qu’il en sorte quelque chose de bénéfique et que ça ne nuise pas au business. Dès le début de ma collaboration avec lui, j’ai compris qu’il avait un besoin maladif de tromper sa femme (il a même essayé avec moi). Et c’était bien avant le boum de messageries privées. Incapable de se concentrer quand il avait une fille dans la tête, se mettant à boire avec les clients, à jouer l’argent de la caisse, etc. Il était totalement transporté dès qu’il avait réussi à en séduire une, redoublant d’énergie, multipliant les initiatives pour lui plaire, etc. Par contre, une vraie loque quand il s’ennuie et se voit vieillir... La plupart de ses histoires au boulot (il y en a eu une bonne quinzaine) ont duré entre six mois et un an et demi. À chaque fois, c’est moi qui ai dû jouer les intermédiaires en douceur : modifier les plannings afin d’augmenter leurs chances de se croiser, recruter une jolie fille plutôt qu’une autre, etc. Parfois même, organiser les présentations tellement il est timide et fleur bleue. Cela me gonflait un peu, mais si je ne le faisais pas, les choses empiraient. Et je voyais tout le personnel m’implorer du regard de faire quelque chose... Ensuite, tout allait pour le mieux. Franchement, c’était bon pour l’équipe et bon pour le chiffre d’affaires. Après, il fallait gérer les séparations au mieux, ce qui n’était pas forcément le moment le plus facile. Mais heureusement, il se lassait aussi vite qu’il était irréprochable sur la fin. Voire même plutôt généreux et grand prince. Pendant toutes ces années à vivre ses histoires de coeur parallèles, il a triplé la taille de son entreprise, jusqu’à en faire un petit géant de la restauration et sans jamais divorcer (ce qui tient du miracle). S’il avait dû s’abstenir de toutes relations privées au travail, je crois qu’il n’aurait pas survécu à la concurrence. En tout cas, qu’il n’aurait pas eu les ressorts affectifs pour se développer comme il l’a fait. »