BERNARD QUIRINY
VIES CONJUGALES
Le dernier samaritain. Contrairement à son héritage prestigieux et à son effervescence dans la littérature anglo-saxonne, la nouvelle a un statut étrange dans la littérature française. Non pas qu’elle n’ait pas été pratiquée brillamment par certains de nos plus grands écrivains (Maupassant, tiens), mais il semblerait qu’on la considère plus aujourd’hui comme un tremplin vers le roman que comme un genre à part entière. Seul contre tous, il lui reste pourtant un chevalier blanc (et belge) en la personne de Bernard Quiriny. Il y avait d’abord eu Contes carnivores, où il impressionnait par son imagination débridée et son style millimétré, puis Histoires Assassines où il avait confirmé son talent de conteur barré et intello. Il y a désormais Vies Conjugales. En une vingtaine de nouvelles, il réussit à nouveau son pari de ré-enchanter le quotidien en le plongeant dans l’insolite et le burlesque. Une exposition sans oeuvre d’art, une femme qui vieillit puis rajeunit selon les heures, la course délirante d’une association de sédentaires : autant de microfictions à dormir debout qu’on croirait tout droit tirés d’une discussion bien arrosée entre Cortazar, Poe, Aymé et, mettons, Perec. Santé !
(Rivages, 200p. 18 €)