ÉDOUARD LEVÉ
GÂTERIES EN TAILLEURS ET MÊLÉE EN COSTARDS…. IL Y A PRESQUE 20 ANS, LE PHOTOGRAPHE ET ÉCRIVAIN EDOUARD LEVÉ INVENTAIT LA SEXUALITÉ D’ENTREPRISE EN FORME D’OEUVRE D’ART. HOMMAGE
Septembre 2002, Technikart publie « Mon patron, ce looser ! », un portrait féroce de la chute des élites inspiré par celle de Jean-Marie Messier (ex Vivendi). En illustration, des images oniriques d’entreprises réalisées par un certain Edouard Levé, exposées à La Périphérie. « Travaillons-nous pour des ringards ? », attaque, bille en tête, l’article. Problème : l’homme représenté sur la photo est un vrai PDG, proche de l’artiste. Coup de fil, visite courroucée, tout s’arrange après un déjeuner et un papier sur sa nouvelle expo : des photos délirantes d’un village de Dordogne appelé... Angoisse (600 habitants). On se dit que, décidément, le garçon a du talent ! Et un sens aigu du concept (il a peint des toiles avec son caca, fait une série sur les villes de Bagdad, Rome et Amsterdam aux Etats-Unis, etc). On aime le photographe, on découvre l’auteur à la Perec dans son livre Autoportrait (P.O.L), une énumération des phrases qui lui
passent par la tête : « Je me trouve souvent plus laid que beau », « Je me demande comment je me comporterais sous la torture », etc. Puis on découvre la série Pornographie : une scénographie du X tout habillée entre collègues de bureau (photos ci-contre). On éclate de rire ! On se rappelle, on se dit qu’on va refaire un papier. Il nous confie travailler sur son prochain livre : Suicide (P.O.L). « Une oeuvre complète », précise Levé. Il dépose le manuscrit chez son éditeur (P.O.L.) le 5 Octobre 2007, se suicide le 15 Octobre 2007. On n’a jamais eu le temps de faire le papier… Les idées passent, les oeuvres restent. Salut l’artiste !