Un bouclage sans toi, Olivier, quelle drôle d'idée...
On a fait avec les moyens du bord, tu nous connais. Et je te rassure, la « pause champagne » de 17 heures, en cette veille d'impression du mag', a été respectée. On a même pris soin – une première ! – de vérifier que les bouteilles ramenées par le commercial avaient bien été photographiées avant de les consommer. La pause champagne ? Une innovation sociale, imaginée entre deux pitchs destinés au secteur agroalimentaire, pour laquelle nous te sommes reconnaissants. D'ailleurs, le concept mériterait d'être exporté à l'ensemble des confrères…
Technikart a donc perdu l'un de ses piliers, Olivier Malnuit, en décembre dernier. Présent dans la vie du magazine depuis 25 ans, il y imposa son goût d'articles « tirés au cordeau », aux angles novateurs, à l'écriture ciselée et à l'editing pop. Très régulièrement, il prouva à quel point les meilleurs papiers étaient nés d'une volonté de faire de sa vie du journalisme (et vice versa)... Quant à l'hédonisme un peu punk qui le caractérisait, il le poussa à créer Grand Seigneur, le magazine du plaisir à table, dont il était le fondateur- directeur-et-omniprésent rédacteur. D'ailleurs, au-delà d'être une promesse de viréesg astronomiques, le titre qu'il s'était choisi résumait parfaitement sa façon d'affronter la vie…
Vous en connaissez beaucoup, vous, des rédacteurs en chef qui reçoivent encore autour d'un grand cru ? Qui prennent le temps de discuter angles et méthodes de travail avec le dernier blanc bec à squatter la rédaction (ce fut mon cas, en 2004) ? Et qui préférerait voir un déjeuner se prolonger en dîner plutôt que de risquer passer à côté d'une interview d'anthologie ?
C'est riche de ces moments vécus avec Olivier que nous nous sommes remis à la fabrication de ce numéro. Bien évidemment, il chamboule le chemin de fer (ce n'est pas la première fois). Nous avons proposé aux camarades des années Bastille, époque fondatrice dans la mythologie du magazine, de lui rendre hommage – les membres de la « famille Technikart » ont tous répondu présents.
Dans le même registre, nous sommes retournés voir le Spectacle familial de Mathieu Madenian – qu'Olivier nous avait présenté au mois de novembre –, pour qu'il nous déballe sa vision douce-amère de la famille, entre nostalgie 80's et parano mafieuse. Habillé comme un éminent représentant de la cosa nostra, notre cover-star en a profité pour nous rappeler l'importance de la « famille choisie », celle composée de collègues de travail et de groupes d'amis (ou, pourquoi pas, les lectrices et les lecteurs d'un magazine dont ils apprécient les valeurs)…
À la tienne, à la vôtre !